Architecture 1950
Elle a trouvé à Royan un terrain d'expérimentation idéal... La guerre ayant rasé absolument tout le centre ville, on donna carte blanche aux architectes des années 50 !
Article publié le vendredi 7 décembre 2012
par Didier Piganeau
Illustrations coll. c-royan
Photos A. M. Préaut
Il avait 105 ans et s'est éteint la nuit dernière à Rio de Janeiro… Architecte de génie, Oscar Niemeyer a conçu au crépuscule des années 50 Brasília, cette ville sortie de la forêt pour en faire la capitale du Brésil, mais avant, ses courbes, la légèreté de ses dessins, avaient inspiré l'architecture dans le monde entier. Et sans lui, Royan ne serait pas ce qu'il est.
En 1945, Royan veut se relever de ses ruines. Les architectes planchent sur des projets de reconstructions qui se situent dans le droit fil du style des années 30. C'est ainsi qu'est pensée notamment l'avenue Aristide-Briand. Large, rectiligne, anguleuse, monumentale, un style qui n'aurait pas franchement déparé en Allemagne de l'Est, elle aussi en reconstruction… Mais les architectes de Royan, au tout début des années 50, entendent parler de ce Brésilien, Oscar Niemeyer, qui bouleverse les codes, casse les lignes droites, met de la couleur et de l'air dans ses constructions. On dit de lui que c'est l'architecture de la sensualité ! Trop tard pour revenir sur le boulevard Briand dont le chantier est très avancé et qui doit être livré en 1956, mais des architectes revoient leurs copies pour d'autres projets. Il en est ainsi par exemple pour La Poste. Louis Ursault, courant années 50, modifie son plan initial et dessine une rotonde vitrée prolongée par une élégante galerie couverte (malheureusement, il ne reste plus grand-chose du dessin original puisque, dans les années 70, le bâtiment a été empâté par de lourdes et disgracieuses plaques de béton).
Ah ! Pampulha !
En 1960, Marcel Canellas s'inspire quant à lui de la chapelle Saint-François à Pampulha, à Belo Horizonte au Brésil, dessinée par Niemeyer, pour son auditorium en forme de coquillage à deux pas de la galerie Botton (elle aussi inspiré par le Brésilien). Louis Simon et Pierre Gabriel Grizet vont eux aussi lorgner du côté de Pampulha et plus précisément sur un restaurant - salle de bal pour construire la gare routière (avenue de l'Europe) livrée en 1964 mais dessinée dix ans plus tôt. Le bâtiment principal en forme de virgule déroule un auvent sur pilotis destiné à abriter les voyageurs qui attendent les bus.
Mais le monument le plus emblématique de cette influence serait sans doute Notre-Dame de l'Assomption dans le Parc. Cette réalisation - datant de 1952 signée René Baraton avec son arche en façade - affiche clairement ses références et s'apparente, elle aussi, à la chapelle Saint-François de Belo Horizonte…
Et, à tout cela, il faut ajouter d'innombrables villas royannaises.
Un grand merci à Pierre-Louis Bouchet et Marie-Anne Roy-Bouchet de Micro Media et du site c-royan.
À lire : Le guide architectural de Royan 1950, d'Antoine-Marie Préaut, éditions Bonne Anse.