La Marquisette

La Marquisette
La «Marquisette» a été rasée en 1969 pour faire place à un lotissement neuf.  
Photo de Frédéric Chasseboeuf
 

Elle avait abrité les bureaux du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme jusqu'en 1962.

Une aile de dépendances contenant d'anciennes écuries, qui achève de se ruiner, et deux pots sculptés en pierre qui servent aujourd'hui de vasque au milieu de la pelouse d'un immeuble de standing des années 1970, c'est tout ce qui reste de la somptueuse villa Marquisette, chère à la mémoire des anciens Royannais puisqu'elle abrita, après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'en 1962, des bureaux du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme. Pour pouvoir y loger tous les services, la terrasse du rez-de-chaussée et celle du toit avaient été envahies de constructions provisoires formant des parasites de bois et de tôles.

Elevée entre 1911 et 1913 sur des parcelles de terrain réunies à cet effet, à la demande de François-Joseph-Léon Charbonnel (1872-1946), un journaliste financier spécialiste des questions économiques qui fut directeur de «La Vie financière», fondateur de «L'Entente cordiale», revue des intérêts franco-anglais, chevalier de la Légion d'Honneur et officier de différents ordres étrangers, et de son épouse, Lucie Briand, demeurant à Paris, la villa Marquisette fut acquise dès 1926 par Albert-Lucien Latronche, un médecin établi à Poitiers, qui la revendit en 1941 à Louis-Romuald - Auguste Bruchet, commerçant à Paris et à son épouse, Adrienne-Louise-Madeleine Vinet. En 1959, cette dernière obtint l'autorisation d'établir un lotissement sur les terrains occupés par Marquisette et lorsqu'elle vendit, en 1968, trois lots à la Société immobilière résidence Marquisette, il fut précisé que, sur l'un de ces trois terrains, subsistaient « les vestiges de la villa appelée Marquisette ». Drôles de vestiges puisque la villa subsistait alors dans son intégralité et qu'elle fut rasée l'année suivante.

Plan carré. C'est à un architecte parisien, Paul Quatravaux, également auteur de la ville voisine Le Lys Rouge, que l'on devait la villa Marquisette dont les plans furent dressés en avril 1910. Le chantier fut confié à un entrepreneur royannais de renom, Gustave Baudet. La grille d'entrée et la rampe du grand escalier avaient été exécutées par le serrurier Alfred Armand et les sculptures par un autre Royannais, Joseph Cougrand. Cependant, la liste des ouvriers, par bonheur publiée, montre que Léon Charbonnel avait largement fait appel à des artisans parisiens.
Conçue sur un plan presque carré, la villa dont les façades étaient construites en pierres de taille de Saint-Même, excepté les balcons, les terrasses, les marches et les dallages extérieurs, qui étaient en pierres de Vilhonneur, comportait quatre niveaux : un soubassement renfermant différentes pièces de service, un rez-de-chaussée, surélevé, comprenant les pièces de réception ainsi qu'une chambre, un premier étage réservé aux chambres, et un second étage d'une superficie restreinte. Ce dernier, prenant la forme d'une chambre panoramique, comprenait une seule pièce faisant office de bibliothèque et de salle de billard et ouvrant sur deux terrasses, dont une couverte. Si les façades antérieures et postérieures de la villa étaient plates, en revanche, les deux façades latérales étaient dotées d'un avant-corps central. Celui de la façade est marquait les pièces de service (office et cabinet de toilette) et se prolongeait jusqu'au second étage, où il formait un balcon à balustres, alors que celui de la façade ouest était réduit au rôle de perron porche formé par deux colonnes qui supportaient un balcon à balustres ouvrant au niveau du premier étage. Toutes les pièces qui s'articulaient autour d'un grand escalier en marbre avaient reçu un décor néo Louis-XVI particulièrement soigné, exceptée la salle de billard, traitée style en néo Louis XVI et la chambre du maître de maison, traitée en style néo-Régence.

Néo-Louis XVI. Construite à l'angle de deux rues (l'avenue du Cordouan et l'avenue de Paris), Marquisette ne se découvrait, depuis l'espace public, que de biais, ce qui explique sans doute la quasi absence de décrochements sur ses façades bâties en belles pierres de taille blondes et d'un style néo-Louis XVI pur. Sa façade principale, qui donnait au Sud, du côté de la rue, était de loin la plus soignée et la plus éclairée. Précédée d'une terrasse à balustres masquant le soubassement, à laquelle on accédait par un large perron, elle était divisée en deux parties dans le sens de la largeur. La moitié est, plus élevée d'un étage et coiffée d'une toiture à quatre versants recouverte de tuiles, formait un taux avant-corps latéral éclairé par une travée composée de trois ouvertures hiérarchisées et terminé par une terrasse couverte marquée par une monumentale serlienne.
Grâce à un jeu de bossages et à une différence de niveaux, ce faux avant-corps se détachait de la moitié ouest. Cette dernière, animée par deux travées identiques composées chacune d'une porte-fenêtre rectangulaire et d'une porte-fenêtre en plein cintre ouvrant sur un balcon avec garde-corps en fer forgé, ne comprenait que deux niveaux et était terminée par un toit terrasse, masqué par une série de balustres ronds. Balustres ronds, garde-cors en fer forgé, agrafes et guirlandes sculptées ou encore consoles supportant le balcon de l'avant-corps latéral étaient autant d'éléments empruntés au vocabulaire décoratif du style Louis-XVI. Une coupe de Paul Quatravaux montre en outre que l'intérieur avait reçu un décor de grande qualité. Certaines pièces étaient dotées de boiseries et l'escalier d'honneur d'une rampe en fer forgé d'un dessin remarquable. Ainsi, la villa Marquisette, qui a peut-être inspiré la façade d'Odja, élevée peu de temps après dans le quartier du Parc par l'architecte angérien Henri Euvé, ou celle de Fleur de Mai, à Pontaillac, comptait parmi les plus belles réalisations néo-Louis XVI du début du XXe siècle de la Côte de Beauté et au-delà dans le département.

 

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