Le domaine des Fées
Parmi les visiteurs prestigieux de la villa aux Fées, Aristide Briand Photo de Frédéric Chasseboeuf
La tradition veut qu'ils auraient été destinés «à servir d'annexe au château» qu'ils projetaient d'élever, mais qui resta à l'état d'esquisse. Par la suite, la villa passa par héritage aux mains de leur fille, Marie-Marguerite-Herminie de La Brousse de Verteillac, mariée en 1872 à Alain-Charles-Louis, duc de Rohan, prince de Léon (1843-1914).
Une demeure inachevée. (...) La duchesse de Rohan, qui venait souvent sur la Côte de Beauté aux beaux jours, se plaisait à recevoir aux Fées «les nombreuses personnalités mondaines et aristocratiques qui villégiaturaient sur nos côtes», parmi lesquels on peut citer, entre autres, la princesse Murat, la marquise de Polignac, (...) ou encore Aristide Briand. Plus tard, la villa des Fées, volontiers qualifiée de «château», passa aux mains de Léopold Pouvreau qui, en 1925, morcela le parc pour en faire un lotissement (...). La façade d'arrivée, qui donne sur un rond-point d'où partent plusieurs allées en perspective, tracées à travers le bois, lui confère l'aspect d'un charmant cottage bas dissimulé sous une vaste toiture recouverte d'ardoises, dont les baies sont illuminées par de grands stores de couleur rouge. En arrière, dans l'axe du vestibule d'entrée, une tour rectangulaire, dont le profil de toiture a été malencontreusement modifié, marque le point d'articulation avec le second corps de bâtiment. Celui-ci possède une façade qui domine discrètement la séduisante conche de Nauzan. De conception radicalement différente, elle est construite en briques rouges à encadrements en pierres de taille et s'organise à partir de deux travées axiales réunies par un fronton en arc segmentaire dans la partie supérieure, qui porte avec fierté le millésime de 1887.
Atypique. Curieusement, la partie de la façade qui se développe à la gauche de cet axe ne possède que deux niveaux éclairés par quatre travées, alors que la partie qui se développe à droite possède trois niveaux (...) et cinq travées. Il est à noter que toutes les travées ne sont pas également espacées. Ce désordre apparent dans les élévations, plus perceptibles sur la façade postérieure, est peu conforme aux règles qui régissent l'architecture balnéaire.
On ne semble, en effet, pas avoir souhaité effacer les traces de périodes successives de constructions et de difficultés de tous ordres, bien au contraire, ce qui paraît contradictoire. En général, les villas de bord de mer regorgent d'astuces en tous genres pour donner l'illusion d'effets monumentaux qui masquent parfois des espaces et des budgets quelque peu limités.