Fièvres
Origine : française
Prod. : Films Minerva
Durée : 105 minutes
Réalisation : Jean Delannoy
Directeur de production : Jean Mugeli
Script-girl : Claude Veriat
Techniciens : Assistant : J.P. Presne
Auteurs : scénario original, adaptation et dialogue de Charles Méré.
Musique : Henri Bourtayre, Henri Goublier fils, Roger Lucchasi, Couplets de Jean Féline, Poterat et Vandair.
Chef-opér. : Paul Cotteret
Opérateurs : S. Hugo - R. Ledru et Serge Dupeux
Ingénieur du son : René Louge
Décors : Pierre Marquet et Maurice Magniez
Maquilleur : Serge Gleboff
Régisseur : Genty
Photographe : Serge Dupeux
Enregistrement : Radio-Cinéma
Interprètes : Tino Rossi (Jean Dupray), Madeleine Sologne (Maria Dupray), Jacqueline Delubac (Mrs Watkins), Ginette Leclerc (Rose), Jacques Louvigny (Tardivel), René Génin (Louis), Lucien Gallas (l'homme traqué).
Extérieurs : environs de Royan (Sablonceaux - Forêt de Suzac).
Studios : Buttes-Chaumont. Commencé le 8 septembre 1941.
Sortie : en exclusivité le 21 janvier 1942 à Paris le Paramount.
Récit d'époque paru en 1941 dans le Journal de Royan sous la signature de Serge Dupeux.
Sujet : Drame émouvant, qui possède le grand mérite d'être construit sur un sujet humain et vrai.
Tino Rossi incarne avec grande habileté le rôle, conforme à sa nature personnelle, d'un chanteur poursuivi par la fatalité et qui ne trouve l'apaisement qu'à l'ombre du couvent. Trois de ses chansons à succès, Un jour, une nuit, Maria et Ma ritournelle, auxquelles s'ajoutent Le largo de Haendel, L'Ave Maria de Schubert et La sérénade de Don Juan de Mozart, des partenaires féminines de grande allure et de beaux extérieurs représentent les multiples éléments d'attrait de ce film.
Jean Dupray, ténor en vogue à l'Opéra, connaît de grands succès féminins. Mais il demeure fidèle à sa femme, Maria, avec qui il a connu des jours difficiles.
Il cède pourtant, après de grandes hésitations, à la perverse Edith Watkins. Sa femme, déjà malade, ne survit pas à son chagrin...Jean abandonne sa carrière en plein succès, et va cacher son désespoir dans une petite cabane de pêcheur du bord de la Méditerranée.
La tentation féminine reparaît en la personne d'une capiteuse fille du village, Rose, qui le dresse contre l'ami qui partage sa retraite. Au cours d'une rixe, Jean blesse son ami... Désespéré de son acte qui, pour la seconde fois a failli coûter la vie à quelqu'un, il décide, pour conjurer la fatale séduction attachée à sa personne, de fuir complètement le monde. Il se réfugie au Couvent voisin.
Techniciens et interprètes de Fièvres viennent de rentrer de Royan, où ils ont tourné les extérieurs de ce film. Le long de l'Océan, Jean Delannoy, a pris des vues de mer et de plage, particulièrement à Saint-Georges-de-Didonne. Dans l'abbaye de Sablonceaux, monument du plus pur style roman, de nombreuses scènes ont été tournées, qui concorderont exactement avec certaines prises de vue en studio représentant l'intérieur du monastère où Tino Rossi vient terminer une vie agitée.
L'auteur et l'adaptateur du film est Charles Méré. Il a imaginé un scénario dans lequel Tino Rossi après avoir été ténor à l'Opéra et connu tous les succès artistiques et amoureux, viendra terminer sa vie dans un monastère. Les chagrins et les déceptions lui auront montré la vanité de ce monde, et il continuera, comme maître de chapelle, à servir son art, la seule chose au monde qui ne l'ait point déçu.
Ce film musical fournira à Tino Rossi l'occasion de se faire entendre dans des morceaux classiques, voire d'inspiration religieuse, tels que, l'Aubade de Don Juan, le Largo de Haendel, l'Ave Maria de Schubert, l'Alleluia de Mozart, accompagné de cœurs et d'orgue. Trois chansons populaires alterneront avec les airs classiques.
Cette production Minerva, dont l'attrait principal est Tino Rossi, que le public aime voir et entendre à la fois, est interprétée également par Jacqueline Delubac, Madeleine Sologne et Ginette Leclerc ; l'élément masculin étant représenté par Lucien Gallas et Génin.
L'auteur, Charles Méré (à gauche),
procède avec le metteur en scène Jean Delannoy, au choix du site.
Le photographe de Fièvres, Serge Dupeux, en plein travail, au coté de Jean Delannoy, sous le regard d'un connaisseur, l'opérateur S. Huho (debout); coll. Serge Dupeux.
La sortie du film fut un éclatant succès, tant à Paris qu'en Province, et battit tous les records d'affluence sur les écrans de la région.
À Paris, au Paramount, il avait réalisé 2 210 054 F de recettes le premier mois au 22 février... Le film accomplit une brillante carrière populaire. C'est aussi l'un des films musicaux dans lequel Tino Rossi donna le meilleur de ses talents de comédien et de chanteur.
Est-ce une troupe cinématographique ? pouvait se demander notre ville qui, chaque matin, devant "les Girondins", voit ces grands gosses, à l'allure sportive, se ruer sur le car. Certes, car tout le jour, artistes, opérateurs et machinistes, travaillent ferme, à six kilomètres de chez nous, en pleine nature, sur les bords de la mer dans une plage miniature - une "conche" - avec un petit port. C'est peu dites-vous ? mais suffisant.
Là, dans l'abri d'un bosquet, une cabane de pêcheurs. Un camion, une caméra qui circule sur des rails, un monsieur qui se promène en tenant à bout de bras à l'extrémité d'une longue perche, un micro indiscret. L'équipe tourne Fièvres. Tino Rossi, René Génin, et Jean Dellanoy, le metteur en scène, jouent à se raconter des histoires puisque le soleil boude.
Dans un coin, solitaires, Ginette Leclerc et son mari prennent ensemble le parfait repos. Mais un guetteur jette l'alarme "Voilà le soleil". En effet, las d'un nuage, l'astre le délaisse et s'ébroue en plein ciel bleu. Branle-bas de combat ! "En place" crie Jean Delannoy. Tout est prêt. L'homme du son brandit son micro ; l'homme de la lumière, ses écrans ; et l'opérateur, l'œil au viseur, prépare son "champ". Activité. Tino Rossi et Ginette Leclerc répètent la prochaine scène sur une petite table, devant la cabane, pendant que René Génin fume une bonne cigarette. Les machinistes allument le feu dans la cheminée de la cabane. "Silence" crie Jean Delannoy. "Silence" répète l'assistant. "Silence" ! hurle en écho le deuxième assistant. Mais derrière le talus, une foule de curieux et d'admirateurs de Tino Rossi, échangent leurs impressions. Ces curieux ignorent la loi des prises de vues qui est la loi du silence. "Silence, je vous prie" ! implore Jean Delannoy. La petite foule comprend. Un coup de claquette : on tourne la scène de jalousie entre Ginette Leclerc et Tino Rossi, pendant que Génin fait le guet à la porte. Cette scène a été recommencée cinq fois, par manque de lumière et de bruits divers.
Le chauffeur de car "fait son plein". Il se prépare à aller chercher les repas de la troupe à Royan car, ici, on pique-nique... Puis, quand on a tourné, on se prépare à partir pour Sablonceaux. Dans l'atmosphère majestueuse et recueillie des ruines de son abbaye, les prises de vues vont continuer. Touché par la grâce, Tino Rossi a revêtu la cagoule du moine et c'est à un des frères qu'il raconte le roman de sa vie.