Naissance de la station touristique
L'ouvrage de Denis Butaye, ancien directeur du Musée de Royan, décline en deux temps l'objet de son étude : la création de la station touristique par des acteurs étrangers à la ville puis la prise en main par les Royannais eux-mêmes du développement touristique de la station. Comment, au début du XIXe, la cité d'abord ignorée par les voyageurs est-elle devenue la station florissante du siècle suivant ? C'est ce que l'on découvre au fil des pages dans une aventure passionnante. C'est d'abord l'accueil des « étrangers » que les Royannais apprennent à assurer en créant les premiers hôtels ou en louant leurs maisons. C'est l'aménagement d'un port, la création d'une digue ou l'amélioration des voies de communication vers l'intérieur. Un Bordelais, Pierre Balguerie, installe les premières cabines de bains à Royan et crée la compagnie qui, avec ses bateaux à vapeur, règne sur la liaison Bordeaux-Royan. Un autre Bordelais, Jean Lacaze, fonde Pontaillac. Royan, station touristique réinventée par les Royannais avec la Société civile des Bains de mer de Royan, le casino de Foncillon, les opérations de lotissement, de nouvelles villas enfin le grand Casino municipal de 1895. Les guides touristiques se multiplient, les journaux assurent la publicité et c'est une des périodes les plus brillantes de la station. Telle est donc l'histoire que raconte Denis Butaye, une histoire animée par l'abondance de détails, de précisions, issus d'une intense recherche de sources, un document captivant pour les Royannais et les touristes qui vont découvrir la formidable épopée de cette «conquête de l'Ouest».
Extrait p.106
La communication joua un rôle important dans la création de la station touristique de Royan. En 1830 paraît Une excursion de deux Anglais de Royan à Nérac sous le titre Itinéraire en vapeur sur la Gironde. Deux étrangers prennent le dernier vapeur de la saison qui remmène les baigneurs de Royan à Bordeaux. La clientèle est pour le moins bigarrée :
« Dans cette foule de partants [...] qui, faute d'espace, s'empressent, se heurtent et se mêlent sur cette longue et étroite jetée. Il y avait de tout : des militaires, des filles de joie, des fashionables, de joyeuses grisettes, de jeunes élégantes, des amants parés comme pour un jour de fête, des prêtres, des baladins, des matelots armés de leur gaffe, des musiciens emportant leur guitare... »
La petite histoire
L'ouvrage reproduit le propos général de la thèse d'État en histoire contemporaine soutenue par Denis Butaye à l'Université de La Rochelle. L'éditeur qui avait opté pour la sobriété en matière d'illustrations, fut emporté par le récit et l'ouvrage comporte finalement une soixantaine d'iconographies, toutes rares et remarquables.