Les affiches touristiques
Article publié le 7/09/2012
Commentaires extraits du livre
Royan Atlantique à l'affiche de Pierre-Louis Bouchet, Agnès Loustau, Arthur et Jean-Michel Saizeau aux Éditions Bonne Anse.
À partir du XIXe siècle, l’invention de la lithographie va permettre le développement industriel des affiches publicitaires et touristiques. Ce support devient le premier grand media populaire, annonçant la communication de masse. Des peintres et affichistes de talent ont ainsi signé des illustrations de grande qualité qui vantent les mérites de Royan et des stations environnantes.
Bains de mer de Royan par Humbert
1886, 80 x 120 cm
Imp. Victor Billaud, Royan
Casino, grand parc, opéras, ballets, comédies, concerts
par Maurice Tamagno
1890, 123 x 84 cm
Imp. Camis, Paris
L'affiche est caractéristique de la fin du XIXe par les vêtements que portent les personnages, par l'impression de grouillement de la ville et par la composition de l'illustration qui multiplie les encadrés pour en montrer le plus possible. L'un d'eux représente une vue nocturne, ce qui est rare dans les affiches balnéaires. Le casino, le long de la plage à gauche, est celui de Foncillon.
Bains de mer de Royan
Chemins de fer de l'État
attribuée à Gustave Fraipont
vers 1890, 120 x 72 cm
Imp. Malherbe et Cellot, Paris
On attribue à Gustave Fraipont cette affiche qui représente une vue générale de Royan, avec le casino de Foncillon. Un bateau à vapeur sort du port pour conduire les voyageurs de l'autre côté de l'estuaire de la Gironde ou vers Bordeaux. Deux images sont dans des coins opposés et ferment la composition, définissant la ville en deux pôles, le divertissement et son paysage.
Trains rapides, Royan, océan
Chemins de fer de l'État et du midi
par Boudet
vers 1895, 130 x 90 cm
Imp. Gounouilhou, Bordeaux
Au bas de l'affiche est indiqué le temps de voyage, argument publicitaire puisque l'industrie ferroviaire venait de réaliser de grands progrés en terme de vitesse. Les trois provenances montrent la notoriété de Royan, ville prisée au-delà de la clientèle régionale. La scène centrale représente une famille à la plage; viennent s'ajouter deux cartouches montrant deux vues de Royan, le phare du port et une autre plage qui pourrait être Pontaillac. Si la petite fille et sa mère représentent la classe aisée, le garçon pourrait faire penser à un personnage de la classe ouvrière, prouvant que les chemins de fer visent également une clientèle moins privilégiée. Les couleurs sont très vives et le dessin est influencé par le courant de l'Art nouveau.
Bains de mer les plus fréquentés
Chemins de fer de l'État
par Léo Maxy
1896, 98 x 128 cm
Imp. Victor Billaud, Royan
Le format à l'italienne est utilisé pour donner de l'ampleur au site. Il s'agit ici de la plage de la Grande Conche avec une superbe vue de son casino. La plage est parsemée de baigneurs utilisant des maillots à bretelle et des tentes rayées pour se changer. L'activité de la baignade en est à ses débuts. L'illustrateur utilise la géographie du site pour donner de la profondeur et montre une ville construite sur une baie en arc de cercle. La lumière de l'ensemble donne un aspect chaleureux à la station. Cette affiche met à l'œuvre un des outils publicitaires les plus simples : la vue générale paradisiaque qui donne envie aux visiteurs de se rendre à Royan.
Royan Express
Chemins de fer de l'État
par Raphaël de Ochoa y Madrazo
entre 1898 et 1900, 105 x 75 cm
Imp. G. Bataille
Royan sur l'Océan
par Gustave Fraipont
vers 1900, 120 x 80 cm
Imp. Victor Billaud, Royan
L'artiste fait appel à son talent de recomposition pour nous livrer une illustration de différentes vues dont la principale est dominée par la célèbre "élégante" des stations balnéaires. Elle regarde les rochers de Vallières mais de façon très artificielle. En haut à gauche, un point de vue sur la Grande Conche et, à droite, le tramway qui sillonnait toute la côte de Royan. En partie inférieure, la vue nocturne, à droite, est d'une très belle qualité, tandis que nous reconnaissons la plage de Foncillon à gauche.
Royan, plages et bains de mer de l'océan
Chemins de fer de l'État
par Gustave Fraipont et A. Navette (de g. à d.)
vers 1900, 120 x 80 cm
Imp. Malherbe, Paris
Gustave Fraipont et A. Navette mettent en scène différentes vues de la ville balnéaire tout en incluant des représentations des lieux moins connus autour de Royan ainsi que des cartes du réseau ferré de l'État pour indiquer les moyens de se rendre sur place. Ce procédé se retrouve de manière fréquente sur les lithographies du tourisme.
Pontaillac Royan, même direction
par Jean de Paléologue, dit Pal
vers 1900, 120 x 80
Imp. Paul Dupont
La composition de cette affiche est inhabituelle car elle montre une femme à demi-corps présentant dans ses mains des illustrations. Elle est entourée des textes habituels donnant les informations publicitaires nécessaires. Deux hôtels sont mis en avant, ce qui est plutôt rare : l'hôtel de Bordeaux à Royan et l'hôtel de l'Europe à Pontaillac qui était à l'origine une villa construite en 1856 pour Jean Lacaze. La suavité du dessin est caractéristique du début du XXe siècle, avec toutefois une discrète géométrisation des formes.
Royan, les bains de mer les plus fréquentés
Chemin de fer de l'État
par Gustave Fraipont
vers 1910, 120 x 80 cm
Imp. Victor Billaud, Royan
La plupart des affiches de Gustave Fraipont, réalisées pour la ville de Royan, suivent la même composition, une image principale autour de laquelle gravitent différents cartouches. Les deux affiches représentent le casino, l'une de nuit, l'autre de jour. Il s'agit du casino érigé en 1894-1895 sur les plans de Gaston Redon, le long de la Grande Conche. Il fut en son temps le plus grand casino inauguré de France, Sarah Berhardt vint y jouer la Dame aux camélias l'année de son inauguration en 1895. Il fut détruit en 1945 lors des bombardements.
Bains de mer les plus fréquentés
Chemins de fer de l'État, Royan
par Gustave Frépont
vers 1906, 120 x 80 cm
Imp. Victor Billaud, Royan
Cette affiche est une de celles qui représentent le mieux l'affiche touristique du Poitou-Charentes du début du XXe siècle. Elle présente différentes vues de la région. Au centre, le Phare de Cordouan puis, autour, dans des cartouches savamment disposés, des vues de Royan. Ces jolis paysages sont ancrés dans l'académisme de la peinture de la fin du XIXe siècle. Le système végétal en jonquilles qui lie les différentes images rappelle celui utilisé par les affichistes de l'Art nouveau.
Royan, la ville d'hiver et la ville d'été
Chemins de fer de l'État
par Louis Tauzin
1910, 105 x 75 cm
L'affiche présente deux vues de la ville, une l'hiver et une l'été, ce qui est assez rare dans ce genre artistique. Présenter une ville balnéaire en hiver montre que sa notoriété lui permet une fréquentation ininterrompue tout au long de l'année. L'illustrateur privilégie la nature et le lien qu'elle entretient avec la lumière naturelle.
Royan sur l'océan
Chemins de fer de l'État
par Stéphane Brecq
vers 1910, 105 x 75 cm
Royan les plus belles plages
par Raphaël Delorme1925
1925, 105 x 75 cm
Imp. H. Ralitte, Paris
Une femme, aux formes généreuses, pose devant la baie de Royan. Elle porte le maillot de bain dit "à bretelle" typique des années 1910 à 1920. Elle semble incarner l'idéal de beauté de l'époque, telle une divinité du bonheur balnéaire. Cette allégorie féminine est liée au paysage par les nuages, puis par l'envolée des mouettes qui jouent avec les lettres formant le nom de la ville.
Royan, la mer, la forêt, le casino
par Paolo Garetto
vers 1929, 80 x 60 cm
Cette affiche est un des chefs-d'œuvre de l'affiche Art déco en France. La composition est simple : une femme sur toute la hauteur de l'affiche et le nom de la ville écrit en haut de l'image. Derrière elle, très stylisés, un voilier et un nuage qui surplombe le casino de Gaston Redon. Le texte de la partie inférieure décrit la station balnéaire en trois mots : la mer, la forêt, le casino. La typographie est caractéristique, tout comme la simplification des traits féminins. Un axe de symétrie passe par le centre de la lettre Y, mis en valeur par le geste de la femme. Le personnage est séparé en deux : d'un côté une baigneuse pour le monde de la plage et les plaisirs de l'eau, de l'autre une jeune femme en tenue de soirée pour les sorties au casino. Le femme devient ainsi le symbole, presque la divinité de la cité.
De la verdure, du soleil,
tous les sports
par Lucien Péri
1934, 100 x 60 cm
Imp. Chaix, Paris
La composition de cette lithographie est simple : une illustration de grande taille prend toute la partie supérieure pour laisser une place au bandeau inférieur dans lequel se situent les textes et les macarons. Lucien Péri était un peintre reconnu. Il réalise ici un paysage très enlevé, avec au premier plan des rochers et des arbres dessinant une trouée où peut s'insérer la vue d'une plage, la Grande Conche, sur laquelle le casino donne de manière triomphale.
Royan, de la verdure, du soleil,
tous les sports
par Raoul Billon dit Fred Money
vers 1930, 100 x 60 cm
Imp. Chaix, Paris
Cet affichiste américain choisit un point de vue assez poétique, en l'occurence le square Botton, montrant les différents aspects de la vie balnéaire sur cette longue perspective. Nous retrouvons les partisans de la promenade et de la détente à l'ombre dans ce square en premier plan, les baigneurs avides de soleil, en deuxième plan avec la plage et les tentes pour se changer et, au fond, le casino, décidément point cardinal de la ville.
Plages des jeunes, l'idéal
pour tous
par Paul Ordner
vers 1930, 100 x 60 cm
La représentation d'un loisir de plage est rare sur les affiches touristiques dans la première partie du XXe siècle. Cette illustration montre deux joueurs de ballon jaillissant de l'eau vers une balle constituée par le "O" du nom de la ville. Le paysage de fond représente la plage de la Grande Conche. Les vêtements marquent une évolution. La femme porte un maillot qui laisse voir de plus en plus de peau et l'homme est en simple slip de bain. Cette affiche illustre également la démocratisation des loisirs balnéaires qui deviennent plus accessibles et populaires.
Saint-Georges-de-Didonne
Le paradis des enfants
Côte de Beauté
par Roger Cartier
1935, 100 x 60 cm
Imp. Lucien Serre, Paris
Cette affiche est une production typique des années 1930. Le graphisme et la mode de bain montre que nous nous situons dans une période où le séjour balnéaire se démocratise. L'image de ces enfants jouant avec leur mère suggère que les vacances à la mer sont de plus en plus accessibles à une classe moins aisée de la population française et surtout régionale. L'arrière plan est occupée par une vue en perspective de la baie de Saint-Georges-de-Didonne, station satellite de Royan, fréquentée par une clientèle plus modeste.
Saint-Palais-sur-Mer, ses plages
ses forêts, ses rochers
Chemins de fer de l'État, Royan
par Roger Soubie
vers 1935, 100 x 60 cm
Imp. Lucien Serre, Paris
Durant l'entre-deux-guerres, les villes proches de Royan deviennent très prisées des touristes. C'est le cas de Saint-Palais et de Saint-Georges-de-Didonne. Cette affiche est un des chefs-d'œuvre de la région. Elle possède une illustration unique au bas de laquelle se trouve un bandeau explicatif et les macarons des commanditaires. Roger Soubie, grand affichiste français de cinéma des années 30 aux années 60, auteur de l'affiche du film Autant en emporte le vent, signe une très belle illustration.
D'autres informations :
L'arrivée de chemin de fer à Royan
le site des Éditions Bonne Anse