La fondation de Québec 1608-1609
Le sieur de Mons ne renonce pas
Le départ des Français de Port-Royal était motivé par la décision d'Henri IV - sous la pression du « lobby » des marchands et de Sully lui-même de supprimer, dès 1607, le monopole concédé pour dix ans à la Compagnie de Pierre Dugua de Mons, tout en maintenant ce dernier à son poste de Lieutenant général en Nouvelle-France.
Dès leur retour en France, Champlain, Poutrincourt et Lescarbot déployèrent leurs efforts pour plaider la cause du Lieutenant général et faire prolonger le privilège, faisant valoir aux yeux du Roi la beauté et la fertilité de la terre acadienne. Heureusement, Henri IV, soucieux de la concurrence de plus en plus active des Anglais et des Hollandais sur les territoires revendiqués par la France, décida de reconduire le monopole, mais pour une seule année.
Le Roy en son Conseil... a permis et permect audict sieur de Montz ou ses lieutenants de pouvoir durant un an seulement traficquer et negotier avec les sauvages de la Nouvelle-France, et pour cest effect Sa Majesté a levé et osté la surceance portée par l'arrest de son conseil du 17e jour de juillet dernier pour ce qui concerne la permission dudit sieur de Montz sur le faict des castors durant ladite année...
Arrêt du Conseil d'État. 29 Mars 1608.
Aussitôt, Pierre Dugua de Mons mit à profit ce bref sursis. Il confirma à Poutrincourt la concession de Port-Royal, à charge pour lui de maintenir la colonie en l'état et d'en accroître le peuplement.
A Champlain, en qui il avait toute confiance, il donna mission de créer un nouvel établissement sur le Saint-Laurent. Pour cela, il le nomma son lieutenant. Lui-même décida de rester en France pour veiller à la dé fense de ses intérêts en cette conjoncture très délicate.
Héron blanc du Canada. Gravure extraite des Oiseaux d'Amérique de J.-J. Audulon
La fondation de Québec
Malgré la menace qui pesait sur son entreprise, Pierre Dugua de Mons s'occupa lui-même des préparatifs matériels de l'expédition confiée à Champlain. En février 1608, il engagea par contrat une vingtaine d'hommes, faisant les avances nécessaires.
Ces préparatifs achevés, Samuel Champlain partit de Honfleur, le 13 avril 1608, dans « un vaisseau chargé de toutes les choses nécessaires » à la fondation de cette nouvelle colonie. Parvenu à Tadoussac le 3 Juin, il se mit en devoir de régler un litige sanglant opposant Du Pont Gravé à un capitaine basque en contravention avec le monopole. À la fin juin, il fit construire une barque par ses charpentiers. Avec quelques hommes, il entreprit la remontée du Saint-Laurent sur environ deux cent kilomètres, jusqu'au site de Québec. Arrivés en vue de l'île d'Orléans, ils empruntèrent le chenal qui sépare l'île de la rive droite, découvrant le magnifique Saut de Montmorency. Ils prirent pied le 3 juillet 1608 à la pointe de « Kébec » (du nom que lui donnaient les Indiens) où conformément à la mission qu'il avait reçue du sieur de Mons, Champlain décida de fonder la nouvelle habitation. Pour marquer son estime envers Pierre Dugua de Mons, Champlain baptisa Mont Dugua (aujourd'hui Cap-aux-Diamants) une hauteur proche. Puis il fit commencer la construction d'un fortin qui fut la première habitation de Québec. Il y demeura avec ses hommes durant l'hiver 1608-1609, au cours duquel vingt d'entre eux périrent du scorbut et huit seulement survécurent. Durant l'été 1609, Champlain fit alliance avec la nation huronne, ce qui l'entraîna à un combat victorieux contre les Iroquois, ennemis des Hurons. Le sieur de Mons n'avait sans doute ni prévu ni ordonné cette intervention dans les conflits entre nations indiennes. En septembre 1609, Samuel Champlain dut regagner la France pour rendre compte du succès de sa mission à Pierre Dugua.
En savoir plus : Pierre Dugua de Mons de Guy Binot et Samuel de Champlain, carnet de voyage au Canada et Lorsque les gens découvraient l'Amérique de Bernard Mounier & Patrick Henniquau aux Éditions Bonne Anse