Le Grand Dessein 1597-1604
Les conditions
Au début du XVIe siècle, l'Italien Verrazano puis le Malouin Jacques Cartier avaient, pour le compte de la France, exploré les abords de Terre-Neuve et le golfe du Saint- Laurent, en Amérique du Nord.
Sur l'ordre de François Ier, le sieur de Roberval tenta même d'établir une colonie sur le fleuve Saint-Laurent. Durant tout le XVIe siècle, ces régions continuèrent à être fréquentées par les Anglais et les Français venus pêcher la morue, particulièrement abondante. Pour le séchage du poisson, les hommes se rendaient à terre. Ainsi s'établirent des contacts avec les Indiens. Un troc de fourrure se mit en place et se développa tout au long du siècle. Il portait sur les martres, loutres, lynx et surtout castors dont les peaux servaient à la fabrication des chapeaux fort à la mode en Europe. Mais depuis l'échec de Roberval, il semblait utopique de vouloir implanter et faire subsister un peuplement européen dans ces régions au climat rigoureux. Sully, surintendant des finances d'Henri IV, s'y disait tout à fait opposé.
Le Sieur de Roberval reçut du roi François 1er la mission de fonder une colonie sur le Saint-Laurent. On le voit ici s'adressant aux soldats. Source : R. Larin Brève histoire des protestants en Nouvelle-France et au Québec (XVIe-XIXe siècles) Éditions de la paix. Canada 1998.
La pêche dans l'océan du Nord.
Gravure sur bois. 1555.
Navire traitant avec les « sauvages ».
Gravure de Théodore de Bry,
extraite de Brevis Narratio eorumque in Florida.
Bibliothèque Vaticane.
... Sans néamtmoins debvoir pretendre par nous la consideration de la conservation et possession de telles conquestes, comme trop eslongnées de nous et par conséquent disproportionnées au naturel et à la cervelle des Francois, que je recongnois à mon grand regret n'avoir ny la perséverance ny la prevoyance recquise pour telles choses, [...] qui demeurent separées de nostre corps par des terres ou des mers estrangères et ne nous seront jamais qu'à grand charge et à peu d'utilité.
1608, 26 février extrait d'une lettre du duc de Sully au président Jeannin.
La mission du sieur de Mons
En 1599, Dugua de Mons, après avoir vendu ses fiefs de Royan et environs, se rendit à Tadoussac(5), principal comptoir de troc de fourrures sur la rive du Saint-Laurent, en compagnie d'un riche négociant de Honfleur, Pierre Chauvin de Tonnetuit.
Le port de Tadoussac dessiné par Samuel de Champlain.
La maison Chauvin : réplique exacte du premier poste de traite, construite en 1942, à l'initiative de W. H. Corvedale, Président de la Canada SteamshipLines.
Celui-ci obtint d'Henri IV le privilège du commerce des fourrures et construisit à Tadoussac une cabane où il tenta de faire hiverner, en 1599-1600, seize de ses hommes dont cinq seulement survécurent, grâce à l'hospitalité des Indiens. Après la mort de Chauvin, en 1603, Henry IV nomma le commandeur Aymar de Chaste, Lieutenant Général aux Terres neuves d'Acadie. À la mort de ce dernier, très peu de temps après, le roi désigna pour lui succéder, Pierre Dugua de Mons, qui lui soumit un projet décliné en sept Articles auquel le roi donna son accord. En novembre 1603, Pierre Dugua de Mons reçut du roi le titre de Lieutenant général et une commission royale lui accordant pleine autorité sur tous « les pays, côtes et confins de l'Acadie », entre le 40e et le 46e degré de latitude nord (du sud de Terre-Neuve à l'actuel Boston à peu près)(6) , avec mission d'y établir un peuplement permanent et d'y répandre la foi chrétienne. Il fut également nommé Vice-Amiral. Pour couvrir les frais de l'entreprise, en l'absence d'un financement par l'État, Pierre Dugua de Mons demanda et obtint, pour lui et ses associés, le monopole du commerce des fourrures, pour une durée de dix ans.
Carte : Domaine du sieur de Mons,
d'après M. Trudel.
Jeune femme huronne.
Gravure extraite de Historiae Candensis,
Voyage au pays des Hurons. Ducreux 1656.
Les préparatifs
Vitrail représentant les préparatifs d'embarquement. (Musée de Honfleur).
Au début de 1604, le nouveau lieutenant général Pierre Dugua, forma une Compagnie avec des marchands de Rouen, Saint-Malo, La Rochelle et Saint-Jean-de-Luz.
Lui-même affréta deux navires, Le Don-de-Dieu et La Bonne-Renommée, avec leurs capitaines et engagea une centaine d'artisans, des soldats, des prêtres et un ministre de la religion réformée. Il invita à son bord quelques gentilshommes dont un jeune explorateur déjà expérimenté et habile cartographe, Samuel Champlain, originaire de Brouage. Les deux navires, lourdement chargés de vivres et de matériel, appareillèrent, l'un du Havre, l'autre de Honfleur, au mois d'avril 1604.
En savoir plus : Pierre Dugua de Mons de Guy Binot et Samuel de Champlain, carnet de voyage au Canada et Lorsque les gens découvraient l'Amérique de Bernard Mounier & Patrick Henniquau aux Éditions Bonne Anse