Les municipales de 1919
Avec la fin de la guerre, la vie normale reprend, symbolisée, entre autres, par le retour des élections. Si la joie de la victoire et le sentiment patriotique continuent d'unir les Royannais au-delà de leurs convictions politiques, il leur faut renouveler les municipalités. Les élections qui auraient dû avoir lieu en 1916 et qui ont été reportées en raison de la guerre ont lieu les 30 novembre et 7 décembre 1919.
Sur vingt-trois conseillers municipaux, seuls quinze sortants se représentent. En effet, cinq sont morts (MM. Benoit, Souchard, Darey, Peltier et Barbet) et trois ne se représentent pas : MM. Giraudeau, Salis et Gérac. La désignation des candidats et l'élaboration des listes s'avèrent compliquées.
Dans un premier temps, sur l'initiative de Pierre Moreau, président du Groupe de Royan des Mutilés, assistés de Pierre Billaud (photo ci-contre), le fils du journaliste éditeur Victor Billaud et de Jacques Florentin, fils de son concurrent Arthur Florentin, un groupe de 250 démobilisés, anciens combattants (sur les 1100 que compte le contingent royannais) se réunit courant novembre 1919 pour monter une liste indépendante. Mais le projet est vite abandonné. Le groupe finit par désigner huit poilus qui siègeraient sur la liste de leur choix : Paul Jornet, Josaphat Brotreau, Paul Chaillou, Thomas (pilote), Albert Gabet, Victor Dejean, Lucien Despagnet et Camille Joly. Pierre Moreau n'arrive qu'en 9e position avec 123 voix.
En parallèle, une autre réunion a lieu le 7 novembre 1919 à l'hôtel d'Orléans, sous l'autorité de René Baraton, architecte, pour choisir 23 noms sur une liste de 35 possibles (dont nombre de conseillers municipaux sortants ainsi que le nom de Charles Torchut) avec l'objectif de constituer une liste d'Union. 350 personnes de tous horizons, «... appartenant à tous les rangs sociaux, à tous les milieux politiques ou confessionnels, à des syndicats, groupements, sociétés, corps de métiers, patrons, ouvriers, employés, etc. » note le Journal de Royan du 9 novembre 1919, sont conviées à faire ce choix. Environ 200 se déplacent pour voter. Une liste de 23 noms est avalisée sur laquelle ne figurent pas le maire sortant. Charles Torchut (photo ci-contre) ne recueille que 55 voix, son premier adjoint, Henry Boulan est à la même enseigne n'en obtenant que 48... La liste de 23 candidats, qui rassemble principalement des clemencistes et des conservateurs est conduite par Adrien Bonhoure, préfet honoraire et Joseph Thirion, avocat au barreau de Marennes. Y figurent aussi les conseillers sortants Jules Lehucher, Paul Gros, Aristide Fougère, Joseph Cassanet et Gustave Baudet, ainsi que Daniel Hedde (secrétaire général du Comité du Port de Talmont) et quelques anciens combattants (Jornet fils, Albert Gabet, Lucien Despagnet, Paul Chaillou, Josaphat Brotreau et Camille Jolly).
Au même moment, le 7 novembre, le maire sortant, Charles Torchut (photo ci-contre) propose aux 14 autres conseillers sortants de s'inscrire sous sa bannière, les huit autres places manquantes pouvant être pourvues par des candidats nouveaux. « Mais on ne put se mettre d'accord... ». Finalement, la liste du Maire ne contient que les noms des quinze conseillers sortants, la place des huit autres restant en blanc, au choix des électeurs.
Des candidatures isolées surgissent : celles de M. Dussier, négociant en bois et charbon qui déclare : « Pas de politique »; de MM Jornet, Blanchard et Despagnet, membres du syndicat des hôteliers et restaurateurs; de Georges Vaucheret, secrétaire du syndicat d'initiative (photo ci-contre) et de M. Grenet, ingénieur électricien.
Les élections se déroulent les 30 novembre et 7 décembre. Le panachage est autorisé. Sur 2795 inscrits, 1713 se déplacent pour voter dont un jeune Parisien dont le nom reste à ce jour inconnu et qui a pris le train la veille pour accomplir son devoir électoral à Royan où il est inscrit ! Pour le premier tour, la majorité absolue est de 845 voix.
Au soir du premier tour, dix-sept conseillers sont élus, dont onze sortants. Parmi ces dix-sept, neuf sont issus de la liste d'Union Royannaise.
Jules Lehucher (S) 2e adjoint 1595 voix
Eugène Pineau (S) 1462 voix
Philippe Gantier (S) 1413 voix
Gustave Baudet (S) 1295 voix
Paul Gros (S) 1216 voix
Paul Jornet (N) 1201 voix
Charles Torchut, maire 1183 voix
Émile Lucaseau (S) 1174 voix
Josaphat Bortreau (N) 1142 voix
Georges Vaucheret (N) 1090 voix
Henry Boulan, 1er adjoint 1086 voix
Clément Dupon (S) 1057 voix
Fernand Tessier (S) 1034 voix
Joseph Cassanet (N) 959 voix
Gaston Lehmann (S) 958 voix
Jules Boulan (N) 926 voix
Maurice Filleux (N) 857 voix.
Un second tour a lieu. Seuls 1413 votants se déplacent. Sont élus les six conseillers municipaux restant :
Henri Grenet (N) 1152 voix
Lucien Despagnet (N) 858 voix
Camille Joly (N) 799 voixAdrien David (S) 734 voix
Georges Couturier (S) 722 voix
Aristide Fougère (S) 563 voix.
Lors du premier conseil municipal qui se tient le 10 décembre, Charles Torchut est réélu maire avec 19 voix sur 21 voix. Un conseiller malade, M. Gros, était absent et M. Bortreau est arrivé après l'élection du maire. Henry Boulan redevient son premier adjoint à deux voix de majorité : 12 voix contre 10 à Jules Lehucher. Ce dernier est élu second adjoint avec 20 voix sur 22.
En savoir plus : Royan sur Maires de Monique Chartier, aux Éditions Bonne Anse.