Gaston Defferre n'a pas été seulement le maire de Marseille que l'on sait, le candidat de la gauche à l'élection présidentielle de 1965, le ministre considérable de la IV^e République, puis de la V^e République, qui a laissé son nom à deux lois de première importance (sur la décolonisation puis sur la décentralisation) ; il reste aussi dans les annales comme le vainqueur du dernier duel qui eut lieu en France. Ce fut à Neuilly, le 21 Avril 1967 : Gaston Defferre était l'offenseur. Lors d'un débat à l'assemblée nationale, il s'était laissé aller à traiter d' «abruti» un de ses collègues, le député gaulliste du Val-d'Oise René Ribière : lequel, considérant l'injure publique, lui en avait aussitôt demandé réparation. Il choisit l'épée, et c'est ainsi que les deux duellistes se retrouvèrent un matin de printemps dans un jardin (privé) de Neuilly à croiser le fer. Ils avaient pris comme arbitre Jean de Lipkowski, député-maire de Royan  et futur ministre. Le duel était au premier sang, et ce fut celui de René Ribière qui s'opiniâtra cependant, demanda la reprise et reçut un second coup d'épée. Le combat avait duré en tout quatre minutes. Plus tard, racontant l'épisode à la marseillaise, Gaston Defferre confiait à qui voulait l'entendre que, son rival devant se marier le lendemain, il n'avait eu de cesse de vouloir l'atteindre «où vous pensez»...

Extrait de In "92 Express" (revue du Conseil général du 92), été 2008