Le terminal méthanier
Article publié le jeudi 21 octobre 2010
Didier Quentin sollicite le soutien de Nicolas Hulot
Une fois n'est pas coutume, je me permets d'appeler votre attention sur le projet de terminal méthanier au Verdon-sur-Mer, au nord de l'estuaire de la Gironde, juste en face de Royan.
Comme vous le verrez, dans la question orale ci-jointe que j'ai posée, ce mardi 2 octobre, à Madame Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire d'État chargée de l'Écologie, ce projet, s'il se concrétisait, aurait des conséquences très dommageables pour l'environnement. Il suscite déjà une forte opposition aussi bien des élus, que des associations et de la population. Mais, nous devons faire appel à toutes les bonnes volontés et à tous les relais d'opinion pour que notre voix soit entendue. C'est pourquoi je vous serais très reconnaissant, si vous pouviez nous apporter votre soutien et je me tiens naturellement à votre disposition pour examiner avec vous les modalités des actions à conduire.
Le Député Didier Quentin obtient le soutien de Nicolas Hulot
Nicolas Hulot, Président de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme.
Vous avez attiré mon attention sur le projet de terminal méthanier au Verdon-sur-Mer. Ce projet suscite en effet une vive émotion et une large opposition de la part des élus, des populations et des associations, si j'en juge par les sollicitations nombreuses adressées à la Fondation.
La Commission Nationale du Débat-Public a été saisie et une Commission particulière mise en place. Je crois qu'elle rendra ses conclusions au printemps 2008. Sans préjuger des conclusions de la CNDP, je voudrais vous faire part des interrogations qui sont les miennes, de mon point de vue plus large sur le projet et contribuer au débat en cours.Tout d'abord, ce projet contribue t-il au scénario énergétique national de maîtrise de la consommation et d'efficacité énergétique, de développement des énergies renouvelables d'ici 2020 ? La capacité de stockage de la France est-elle suffisante ? Je crois savoir que c'est le cas par ailleurs. Est-il pertinent de le faire à cet endroit ou de préférence sur des sites industriels existants ? Sans disposer de toutes les informations à ce stade, et comme beaucoup d'entre vous, j'ai des doutes sur la nécessité du projet en l'état. Cela dit, je souhaite que les projets de grandes infrastructures portuaires, dont les projets de terminaux gaziers en cours d'examen - Le Verdun, Dunkerque, Le Havre - ou en voie d'extension - Montoir / Saint-Nazaire et Marseille-Fos- soient l'occasion de décisions qui nous fassent entrer dans une économie de "développement et d'aménagement durable" des territoires. Dès lors, l'efficacité écologique et climatique est la condition de tout aménagement et le "ménagement" des grands estuaires devient une priorité absolue. Pour moi, toute infrastructure ou projet d'aménagement n'est pas recevable s'il n'est pas accompagné d'une analyse des ses impacts et de ses coûts en terme de changement climatique (contribution au scénario de réduction par quatre des émissions de GES, de réduction de 20 % de la consommation et augmentation de l'efficacité énergétique, de développement des énergies renouvelables) et de biodiversité (pas de perte nette de biodiversité, c'est-à-dire de changement d'usages des sols ou de rupture des continuités végétales et biologiques).
Tous les arbitrages gouvernementaux en matière d'aménagement des estuaires, et depuis plus de trente ans, l'ont toujours été au détriment des milieux naturels, des ressources marines* et donc de la pêche maritime.
L'estuaire de la Gironde est l'un des moins aménagés. Sa situation écologique est néanmoins très préoccupante. Aussi, je pense que l'intérêt majeur du plus grand estuaire naturel d'Europe commande une décision courageuse d'aménagement, résolument tournée vers la préservation de ses espaces et richesses naturelles, encourageant une politique nouvelle dans l'économie régionale portée par les élus des deux rives au nom des populations qui y vivent. J'appelle de mes voeux un tel signal fort pour une nouvelle politique nationale de "ménagement" du territoire, et notamment en faveur des grands estuaires. Le Grenelle de l'environnement doit en être l'occasion aussi en région. La délibération du Conseil Général de la Charente Maritime va dans ce sens et je m'en réjouis.
Vous évoquez une initiative en faveur de la création d'une aire marine protégée, après la création du Parc naturel marin de la Mer d'Iroise que j'ai appuyé ou celui des Calanques qui vient d'être récemment approuvé par le Maire de Marseille. Je ne peux qu'approuver et appuyer avec intérêt votre proposition. Les enjeux régionaux à l'échelle du Golfe de Gascogne comme de la façade atlantique le justifient pleinement.
A l'heure où semble émerger localement la volonté d'un développement plus durable, au-delà du projet particulier du Verdon, et sans me substituer aux consciences locales, je plaide pour un projet pilote sur l'estuaire de la Gironde, porteur d'innovation et en harmonie avec les politiques publiques sur l'eau, la biodiversité et les espaces naturels, les ressources et le patrimoine maritimes ou l'écotourisme.
Restant, avec mes collaborateurs, à votre disposition, je vous prie de croire, Monsieur le Député, à l'expression de mes sentiments les meilleurs.
* Perte de 80 % des zones humides de l'estuaire de la Loire (et menaces nouvelles l'extension des Donges est), idem sur l'estuaire de la Seine (Port 2000), extension en cours de Fos sur 2 500 ha supplémentaires de milieux camargais.