Jacques Baetz
Pharmacien dans l'industrie, Jacques Baetz fut l'un des acteurs du développement de l'Aspégic. Sud-Ouest du 03/11/2004
Une amitié royannaise. Jacques Baetz, qui fit carrière dans l'industrie pharmaceutique, n'a jamais oublié son passage à Royan. Aujourd'hui décédé, ce pharmacien conservait sur la Côte de Beauté d'indéfectibles amitiés liées dans l'enceinte bientôt centenaire du collège Zola. Son fils Philippe évoque ce souvenir.
« Né en Savoie en avril 1920, Jacques devint Royannais de coeur par un miraculeux hasard et grâce au lycée. Alors que son père, pharmacien, avait depuis longtemps quitté la Savoie, traversé la France d'est en ouest et s'était installé dans les Deux-Sèvres, à Chef-Boutonne, l'adolescent doit son arrivée au lycée de Royan à une suspicion de tuberculose qui, alors, ne se traitait pas au antibiotiques qui n'existaient pas encore mais en respirant l'air pur des pinèdes de Royan. Et c'est ainsi que sa famille se résolut à l'envoyer, solitaire, continuer son cursus scolaire à Royan, et au lycée où il entra en première.
Le miracle n'attendit pas puisque, dés le premier jour, il rencontre Jean Bujard, lui aussi fils de pharmacien, et son cousin Emile Bouchet. De cette rencontre est née une amitié qui dura une vie entière. Peut-être lehasard de l'alphabet, Baetz, Bouchet Bujard : trois B. Deux d'entre eux sont devenus pharmacien. Jacques dans l'industrie pharmaceutique, Jean à Royan comme on sait. Emile, lui, est devenu médecin et a exercé à Royan; il est, lui aussi, dans toutes les mémoires.
Laboratoire. Pharmacien, licencié en droit, Jacques a effectué un parcours remarquable dans l'industrie pharmaceutique. Partant avec son père d'une petite société créée avant guerre à Chef-Boutonne, à côté de la pharmacie familiale, avec si peu de fonds que plus d'une centaine d'amis mirent la main à la poche pour réunir le capital de démarrage, Jacques Baetz a surmonté les défis de la croissance industrielle.
C'est ainsi qu'est né le laboratoire Egic, dont il reste aujourd'hui l'Aspégic, produit apparu au début des années 1970. De fusion en fusion, il contribue très largement à la consolidation industrielle de cette branche d'activité qu'est l'industrie du médicament et réalise ses rêves d'industrie. En 1969 avec les laboratoire Métadier, un autre Royannais; en 1972 et 1973 avec les laboratoire Lelong et l'institut Ronchèse; en 1977 avec le laboratoire Joulliè, dont il reste aujourd'hui le sirop Rhinathiol; puis en 1980 avec Synthelabo, que rejoindront les laboratoires Delagrange et Delalande. En 1999, c'est le rapprochement avec Sanofi et, tout récemment, la méga-fusion avec Aventis, ex-Rhône-Poulenc, ex-Roussel, ex-Hoecht, pour former le troisième groupe mondial du médicament, Sanofi Aventis.
Bien évidemment, Jacques Baetz n'a pas fait tout ce parcours. Il a pris une retraite bien mérité en 1985, laissant à ses successeurs le soin de continuer la construction patiente de ce qui est aujourd'hui un des fers de lance de l'industrie pharmaceutique française. Et, pendant toutes ces années, la référence à Royan a été constante.
Il a su transmettre à la plupart de ses sept enfants l'amour de ce pays de Saintonge et l'amitié des trois familles, Baetz, Bouchet, Bujard. Les trois amis sont aujourd'hui disparus, l'un très tôt, les deux derniers, Jacques et Jean, plus récemment. Tous les deux sont resté fidèles au rendez-vous annuel autour de leur vénéré professeur, Jean Ratteau. Ceux qui les ont connus et qui les ont aimés tous les trois, ensemble, s'interrogent encore sur le mystère d'une amitié si longue. Le lycée ? »
A l'extrême-droite du rang du milieu, de gauche à droite : Emile Bouchet, Jean Bujard et Jacques Baetz