A l'occasion de la réception du Club d'Entreprises du Pays Royannais le 29 octobre 2003 à Matignon
Octobre 2003
Cyber Gazette : Gérard Filoche parlez-nous du Club d'Entreprises du Pays Royannais que vous présidez pour la deuxième année consécutive.
Gérard Filoche :Le Club d'Entreprises est une association créée il y a trois ans par la Chambre de Commerce de Rochefort qui a décidé de rapprocher les entrepreneurs entre eux, c'est un vœu pieux et une perspective d'avenir intéressante. Regrouper les entrepreneurs du Pays Royannais, ainsi que de plusieurs lieux géographiques en Charente-Maritime qui dépendent de la Chambre de Commerce de Rochefort : le pays Rochefortais, le pays de Jonzac, le pays de Saintonge. Toutes ces nouvelles entités géographiques ont redéfini un certain nombre de rapports entre elles.
On s'inscrit dans une logique de redéfinition de contrat de pays, à savoir que les clubs entreprises doivent adopter leur signalétique, leur logo, leurs thèmes commerciaux, leurs clientèles, en fonction du pays où elles travaillent. C'est ainsi que bon nombre doivent s'adapter. Nous développons également des thèmes commerciaux, juridiques, sociaux qui sont propres aux entreprises puisque nous avons traité en trois ans aussi bien des juges de commerce, des juges des prud'hommes, que de l'organigramme commercial d'une entreprise, du bilan, de l'embauche de salariés, du licenciement, de sujets ayant trait à la comptabilité, au management, au développement et à la création d'entreprise. Tous ces sujets sont abordés une fois par mois dans le cadre et dans le local de la CDA le troisième mercredi de chaque mois. Viennent ceux qui sont intéressés. Nous avons également organisé un dîner-débat sur les femmes en entreprise, une visite d'IFREMER avec toutes les notions écologiques qui se rattachent au bassin ostréicole, des usines Ford pour la technologie informatique et l'automatisation de l'entreprise.
Nous essayons de diversifier nos activités en vue de se rallier petit à petit à une notion, je reviens à mon idée première, qui est de prendre conscience que la notion géographique d'un territoire est en train de se modifier. Nous avons l'habitude de raisonner en départements en France et en régions. Grâce à l'Europe, ou à cause de l'Europe, nous allons commencer à réfléchir en land, ou en semi-régions ou en grandes régions françaises. Tout ceci amène à s'interroger et à mener une réflexion sur l'organisation, "administrative ou politique", des pays que nous connaissons qui sont classés d'abord en SIVOM, puis en communautés de communes, en districts, puis maintenant en communautés d'agglomérations. Nous sommes persuadés que la configuration d'un lieu géographique ou la renommée d'un terrain géographique est essentielle puisque le Massif Central, les Vosges, la Provence Côte d'Azur, la Bretagnepar exemple, se développent sous une l'appellation de la zone géographique. Par contre, nous, nous n'avons jamais exploité la notion d'estuaire de Gironde. Et là, il y aurait un vaste sujet.
CG : Lorsque vous dites que les entreprises vont communiquer en fonction de leur lieu d'implantation, vous songez à quoi plus concrètement ?
GF : Concrètement, il faut savoir que l'aide aux entreprises maintenant est distribuée par un certain nombre de canaux. Les subventions, qu'on le veuille ou non, on peut le déplorer ou trouver ça excellent, passent toujours par des canaux européens, et les canaux européens débouchent toujours sur un groupement professionnel structuré, sur une population définie ou sur un lieu géographique connu et déterminé. Or, il est certain que si l'industrie des marchands de bois, je prend un exemple au hasard, est structurée au niveau national avec en plus un syndicat puissant, ils vont avoir des aides. Par contre, il y a une multitude de petites professions de l'artisanat et du commerce qui eux n'ont pas la chance d'avoir des structures bien définies, bien établies et puissantes et qui ne peuvent se rattacher qu'à un lieu géographique. Et c'est là où nous complétons le travail des élus qui va se modifier dans les années à venir puisqu'ils interviendront au nom d'un pays. Mais pour le citoyen lambda européen de Bruxelles ou du Luxembourg, si on lui parle du Pays Royannais, il ne va peut être pas connaître. Par contre, si on lui parle d'estuaire, de la Gironde, il va peut-être un peu mieux connaître. En partant de cette notion géographique, on intervient dans la commercialisation et la promotion de moyens.
CG : Vous songez au tourisme quand vous parlez de l'estuaire ?
GF : Absolument, la rive gauche, la rive droite. Un rapprochement de l'estuaire de la Gironde. Nous avons la chance d'avoir les huîtres d'un côté, les grands crus bordelais de l'autre, le cognac à proximité et Bordeaux avec son Maire qui est relativement connu. Et nous avons tout à gagner en essayant de partir dans cette voie.
CG : C'est un axe historique en plus...
GF : Voilà, en plus c'est un axe géographique naturel. Il y a une histoire et il y a une communauté de vie autour de cet estuaire. Et nous pourrions ainsi rejoindre le projet de Jean-Pierre Raffarin qui consiste à promouvoir l'Arc Atlantique et à jouer un rôle prédominant et ainsi promouvoir l'ensemble des estuaires européens. Chose que certains ont déjà compris puisque le Havre et Nantes jouent sur cette image et que la Camargue également joue sur son delta, sur son estuaire. Voilà en quelque sorte notre perspective d'avenir et nous avons d'ailleurs organisé en décembre un dîner-débat avec Monsieur le Président de la Communauté d'Agglomération du Pays Royannais.
CG : Voulez-vous qu'on parle des membres du club ?
GF : Les membres du club, ce sont des artisans, de petites industries, de toutes conditions, de tous âges, et de toutes professions, qui viennent là : pour se connaître, essayer d'acquérir un certain nombre d'éléments nouveaux, et faire un échange. C'est n'est rien de nouveau effectivement, c'est simplement un maillon de plus dans une chaîne où le monde économique ne fait pas de cadeaux.
CG : Pas de ticket d'entrée ?
GF : Vient qui veut, avec une petite cotisation. On essaie quand même de savoir d'où vient l'individu et ce qu'il fait et à partir de là, s'il est de bonnes mœurs.....
CG : Pour conclure, que pensez-vous de notre magazine ?
GF : Le projet a le mérite d'être fait par des bénévoles pour le moment et Internet est un support de communication qui entre de plus en plus dans les foyers, c'est peut être le moment ou jamais... ce genre d'encyclopédies, je crois que l'on peut appeler ça comme ça, d'encyclopédie vivante sur une région avec des aspects totalement inconnus ou totalement inconnus pour certains et connus pour d'autres sont mis à la disposition de tous. Donc ce support qui bouge qui a été mis à jour, mérite d'être promu. Il faudrait que ce projet soit raccroché à un système économique car le bénévolat ne dure qu'un temps et effectivement il serait bon de trouver un moyen quelconque de le rentabiliser et surtout de le rendre durable.
CG : Quel est le rapport entre l'économique, le culturel et le patrimoine, Y-a-t-il des liens entre ces différentes notions ?
GF : A partir du moment où quelqu'un s'installe dans une région, il n'y est pas forcément né, il n'y a pas forcément ses liens familiaux ou ses racines. Là au moins, avec la Cyber-gazette, nous avons l'outil indispensable qui créé entre les nouveaux arrivés et les anciens un sentiment d'appartenir à une même communauté. Si effectivement on s'aperçoit qu'au niveau du Pays Royannais, il existe quand même une certaine histoire, il faut se projeter dans l'avenir et imaginer ce que cela peut donner au niveau d'un estuaire. Pour en rester au Pays Royannais, une région versatile où la population arrive des quatre coins de France puisque c'est une ville de retraités qui manque d'unité, c'est un outil formidable qui peut provoquer l'union entre les différentes régions de France qui viennent cohabiter à Royan et stabiliser cette ville qui souffre d'une instabilité chronique.