Bauchère, Antoine
Meschers, 1784 - Royan, 1860
Son nom est aussi orthographié Beauchaire, Beauchère ou Bauchaire.
Râblé, 1m64, de cheveux noirs, avec une tête ronde, il est issu d'une famille de pilotes. Mousse et reçu aspirant pilote en 1808 après avoir navigué dix ans sur les navires de l'État. Nommé pilote en Gironde en 1811, il reprend la chaloupe familiale La Jeune Modeste à la mort de son père Jean. Lors de la bataille navale en Gironde d'août 1811 remportée par les Anglais, il est fait prisonnier à 3 heures du matin le 24 août quand la chaloupe Les Mulets chargée de bois de construction est prise d'assaut par l'ennemi. Bauchère est jeté à fond de cale, cependant il est relâché aussitôt avec 11 autres marins. L'audition par le commissaire de la marine à Royan peu après leur libération signale que l'un d'entre eux a été relâché comme infirme mais ne donne pas d'explications pour les onze autres. Une tradition familiale veut que sa libération soit due au signal de détresse de la franc-maçonnerie qu'il aurait fait devant le commandant anglais.
Peu après, Bauchère fait passer le vaisseau de 74 canons Regulus en Gironde en traversant le pertuis de Maumusson, navigation considérée impossible jusque là pour un vaisseau de premier rang. Cela lui vaut les félicitations du capitaine du Regulus et une promesse de légion d'honneur. On le retrouve toujours pilote du Regulus en 1814, puis en juillet 1815. Il semble être le "pilote du pays" qui transmet l'ultimatum de l'amiral anglais le 12 juillet au fort de Royan de ne pas tirer sur ses vaisseaux sous peine d'être détruit, car c'est lui qui pilote avec "zèle et intelligence" l'escadre anglaise en Gironde, ce qui prouve "un attachement aux Bourbons et à leur légitimité qui le rend digne des faveurs du roi".
Pilote attaché au port de Royan, il participe en 1825 à la campagne d'étude des passes de la Gironde avec l'ingénieur hydrographe Beautemps-Beaupré qui lui décerne un témoignage de satisfaction. Cette étude prouve que la carte de Teulère de 1798 est fausse et doit être retirée. Nommé syndic des pilotes royannais en 1845, il reçoit enfin sa légion d'honneur, promise sous le 1° Empire, puis démissionne en octobre 1851 se jugeant "âgé et infirme".
Guy Binot
Archives de la Marine de Rochefort - Inscrits maritimes 1815, 1817
Archives nationales - Marine BB4/322 et 380
Guy Binot, Royan port de mer, Le Croît vif, 2000
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