Pelletan Eugène
La Barraque au Maine-Bertrand de Saint-Palais-sur-Mer, 1813 - Paris, 1884
Pierre-Clément-Eugène, dit Eugène, fils d'Étienne Achille dit Achille Pelletan, notaire impérial à Royan et maire de Royan d'août 1808 à janvier 1810 et de 1814 à 1815, petit-fils du pasteur Jean Jarousseau,
Protestant, il fait son droit à Poitiers et Paris, écrit des articles, un roman La lampe éteinte en 1840. Il est ami avec Michelet, Lamartine, George Sand dont il a peut-être été l'amant. En 1837, il épouse au temple sa cousine et amie d'enfance Anne Clarisse Ardouin avec laquelle il a une fille, devient veuf trois ans plus tard. En 1842 se remarie avec Virginie Marguerite Gourlier, il en a quatre enfants dont Camille* et leur bonheur dure 40 ans.
Maigre, de haute taille, bien charpenté, renfrogné, bourru, avec une chevelure noire abondante et une longue barbe, puritain, avec une franchise brutale, travailleur acharné, déiste avec une foi utopiste dans le progrès, républicain, franc-maçon, il collabore à de nombreux journaux parisiens. En juillet 1843, il publie le plus ancien texte connu décrivant les bains de mer de Royan dans un article du Musée Littéraire-Revue Pittoresque. Rédacteur en chef du journal de Lamartine Le Bien Public, il glorifie la chute de Louis-Philippe par son ouvrage L'histoire des trois journées de février. En 1848, il échoue de peu comme député en Charente-Inférieure.
Opposant sous le Second Empire, il écrit Jarousseau, pasteur du désert en 1855, Le Grand Frédéric en 1858, Les droits de l'homme en 1858 et sa célèbre histoire de Royan La naissance d'une ville en 1861 (modifiée et rééditée en 1876), La nouvelle Babylone en 1862. Publiciste prolixe, il écrit dans les journaux de gauche et dans des brochures,(ce qui lui vaut trois mois de prison et des amendes), écrit des articles dans la presse régionale et fait de nombreuses conférences. Élu député d'opposition à Seaux en 1863 où invalidé il est réélu, puis conseiller municipal à Saint-Georges de Didonne en 1864 dont il démissionne en 1866.
Très anticlérical, il crée cette même année, dans la loge parisienne qu'il préside, un comité d'enterrements civils, alors qu'ils étaient toujours religieux jusque là, mais fait une telle publicité qu'un scandale éclate et le Grand Orient est amené à suspendre sa loge pour six mois. En 1868, il fonde le journal La Tribune et est élu député triomphalement à Paris. Pacifiste durant la guerre de 1870, il fait partie du gouvernement provisoire de Défense Nationale, part à Bordeaux puis démissionne. Élu en février 1871, député des Bouches-du-Rhône, devenu un homme du passé, accablé et modéré, il ne participe ni à la Commune ni à la répression. A la création du Sénat en 1876, il est triomphalement élu sénateur dans les Bouches-du-Rhône, puis vice-président du Sénat en 1879.
Il vient souvent se reposer à Saint-Georges, ami de Victor Billaud* et du maire Frédéric Garnier* il est élu président d'honneur du Cercle littéraire de Royan, écrit Elisée livre de souvenirs et sa dernière œuvre, sorte de testament Dieu est-il mort ? en 1883, Il soutient Jules Ferry dans la colonisation de l'Indochine, puis est nommé sénateur inamovible. Le 10 septembre 1892, Royan inaugure une statue érigée à sa mémoire, qui sera déboulonnée par les Allemands en 1941 pour être fondue et servir à la fabrication des canons.
Guy BINOT et Georges TOUROUDE
Georges Touroude - Deux républicains de progrès - Ed. du Pavillon, 1995
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