Rullier, Eustase
Chantillac 1843 - Saintes 1902
Architecte de renom, formé d'abord au petit séminaire de Montlieu (1856-1862), il devient l'élève de l'architecte bordelais Gustave Alaux*, connu pour ses nombreuses réalisations néo-gothique dans le bordelais et dans le Sud des deux départements charentais.
Il quitte son atelier en 1873 pour se fixer à Saintes, sur les conseils de l'évêque de La Rochelle. En 1875, il remplace Victor Fontorbe*, puis est nommé en 1876 architecte de la ville de Saintes et de l'arrondissement. Deux ans plus tard il devient architecte des Monuments Historiques, puis est nommé officier d'académie en 1884. Il habitait 9, rue des Notres-Dames.
Après sa mort, c'est son collaborateur Georges Naud* qui prend la direction de son cabinet, et c'est Félicien Balley* qui lui succède comme architecte de la ville de Saintes. On doit à Eustase Rullier de nombreuses œuvres publiques en Charente-Maritime, notamment les églises d'Andilly (1877), de Châtelaillon (1882-1883), de Fouras (dont la première pierre est posée le 29 juillet 1883), de Saint-Georges-de-Longuepierre, de La Villedieu, de Trizay (1875), de Vervant, de Saint-Maigrin, de Saint-Martin-de-Villeneuve, l'église de Notre-Dame des Anges à Pontaillac (commune de Royan); les clochers de Mirambeau (1875), d'Archiac (pour l'abbé Goiland, 1898), de Tesson, de Semussac, de Crazannes (1871) sans doute celui de Saint-Dizant-du-Gua; les chapelles d'Orlac (Dompierre-sur-Charente), de l'hôpital de Saintes (1875), des couvents de La Providence à Saintes (1888) et à Rochefort, et celle du couvent de Montlieu. Il est également l'auteur de la transformation de l'église de Marsais (1888), des travaux d'agrandissement des églises de L'Houmeau (1879) et du Gué-d'Alleré (1887), auxquelles il ajouta un choeur, des travaux de réfection des voûtes de l'église de Pessines (1884), et de la séparation en trois nefs de l'église d'Angoulins, qu'il put ainsi voûter (1886). En Charente, il travaille à la reconstruction des voûtes de l'église de Genté (1891-1892), à la restauration de l'église de Touverac (1882 et 1889) et à l'édification du clocher-porche de celle de Baignes-Sainte-Radegonde (1895-1896). Il donne les plans du couvent du Carmel, à Saintes, de l'asile des vieillards dans cette même ville, de la chapelle des Petites Sœurs des Pauvres, à Tasdon, près de La Rochelle, de l'hôtel de ville de Burie, des mairies-écoles de Baignes (1877-1883), de Soubran (1888), de Lorignac (1889-1890) et d'Ars (1895-1902), des caisses d'épargne de Saintes et de Cognac, de l'asile des vieillards de La Rochelle, et est l'auteur des transformations de l'ancien couvent des Récollets, à Cognac (après 1892). On lui doit également de nombreux groupes scolaires dans les deux départements charentais, dont l'actuel lycée agricole de Saintes, l'école Fénelon à La Rochelle, l'école Nicolas Lemercier à Saintes (1890), celles de Semussac, de Chantillac, ou encore les mairies-écoles de Villars-en-Pons (1877-1893) et de Lorignac (1889), ainsi que la mairie-école de Chaniers (1882-1885). En outre, Eustase Rullier a donné les plans du marché couvert de Châtelaillon (publiés dans L'architecture pour tous). Comme architecte des Monuments Historiques, il travaille en collaboration avec Just Lisch* et Albert Ballu*, à la restauration des églises de Fenioux, d'Aulnay, de Pont-l'abbé, de Talmont, d'Echillais, de Chadenac, de Sainte-Gemme, et de Saint-Eutrope de Saintes, à la chapelle Saint-Gilles de Pons, aux clochers de Marennes (1884-1886), de Thézac et de l'abbaye aux Dames de Saintes, et au donjon de Pons. Eustase Rullier s'intéresse également à l'archéologie et aux monuments antiques de Saintes. Pour cette raison, le préfet lui confie le soin d'exécuter des relevés du site éponyme de Peurichard, à Thénac (1883), et il travaille au déblaiement des arènes de Saintes (1880) sous la direction de Lisch, avant de lever le plan des fouilles des thermes de la ville (1881). Ses œuvres privées sont moins connues. On retiendra les "restaurations" des châteaux de Touverac (1896-1898) et de Bourg-Charente (pour Alexandre Pellisson), la construction de celui du Grand-Coudret, à Saintes (1895), des maisons Boutelleau, à Barbezieux, et Guillet à Saintes. Les plans et élévations du "château de M. Guillet", ont été publiés dans L'architecture pour tous, 9 et 10 èmes années, pl. 857 à 861. De nombreuses similitudes avec le château du Grand-Coudret permettent sans doute de lui attribuer les plans de celui des Joguets à Montpellier-de-Médillan. On lui doit également deux projets de transformation et d'agrandissement du château de Matha pour Auguste Bossay, non réalisés (1887). Parmi les dernières œuvres d'Eustase Rullier, il faut signaler les plans des groupes scolaires de Montendre (1901) et de Cozes (1902), et ceux de transformations du logis de Saint-Palais-sur-Mer. Ces trois chantiers sont suivis, après sa mort, par Georges Naud*. L'expertise d'une croix à main, en 1901, apprend qu'Eustase Rullier collectionnait les objets historiques et archéologiques.
Frédéric CHASSEBŒUF
Voir : Bulletin de la société des archives historiques, revue de La Saintonge et de L'Aunis, T.XXII, 1902, p.158-160; et Recueil de la commission des Arts et Monuments de la Charente-Inférieure, T.XVI p.90-91.
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