Marmouget, Pierre
Pierre Marmouget entre à l'école d'architecture de Bordeaux en décembre 1942. Cet établissement est dirigé par Claude Ferret, l'architecte en chef choisi pour la Reconstruction de Royan. Élève de Pierre Ferret, le père de Claude Ferret, il reçoit à Bordeaux une formation classique dispensé par ce maître, adepte de l'Art Nouveau au début du XXe siècle.
Agréé par le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme le 8 mars 1950, Pierre Marmouget était, nous dit-on, le « chouchou » de Claude Ferret. Celui-ci, en effet, le choisit pour les principaux projets de Royan :
- le Centre Administratif (non réalisé),
- le Casino (1945-1962),
- le Palais des Congrès (1954-1957),
- la place du Docteur Gantier (1946-1961).
Pierre Marmouget fut sans doute le jeune architecte - il avait 27 ans en 1950 - qui fut le plus marqué par les influences de l'architecture brésilienne d'Oscar Niemeyer ou de Lucio Costa. Son mentor, Claude Ferret avait d'ailleurs été en contact direct avec cette architecture lors de l'exposition universelle de New York en 1939, quand il travaillait sur le pavillon français, situé exactement en face de celui du Brésil.
Mais, c'est probablement, le hors-série de la revue L'Architecture d'Aujourd'hui, paru en septembre 1947, consacrée à l'architecture brésilienne, qui ancrera définitivement Pierre Marmouget dans ces références. Cette influence, déterminante chez un Pierre Marmouget, grand dessinateur, est perceptible sur ses plans qui voient une évolution importante, depuis les esquisses jusqu'au projet, et qui nous montrent un style qui s'affine, qui s'affirme vers toujours plus de courbes, plus de couleurs pour un plan devenu organique. Cette référence se remarque également, naturellement, sur les façades des édifices qu'il a dessiné pour Claude Ferret : le Palais des Congrès et surtout le Casino Municipal qui reste sans aucun doute le chef-d'œuvre de son passage à Royan.
Les projets de villas privées constituent tout autant de réussites. Ils conjuguent tous l'effort décoratif voulu par Pierre Marmouget, illustrant le « lyrisme » architectural royannais. Empruntant nombre des effets à l'architecture brésilienne, il réussit néanmoins à créer son propre langage architectural utilisant les techniques les plus originales pour jouer avec la lumière et le soleil de la Charente-Maritime.
En collaboration avec Édouard Pinet, il réalise quelques unes des plus étonnantes villas royannaises, comme la villa dite « Grille Pain », notable par ses airs d'appareil électroménager ; ou encore cette belle villa, située avenue 22 Émile Zola, face au Collège, qui emprunte beaucoup au vocabulaire nautique, et bien d'autres encore, disséminée dans tout Royan.
Avec Henri Zimmer, il dirige la reconstruction d'un îlot entier, numéroté 33AN (1952-1958), bien que rien dans cette réalisation ne révèle son tempérament artistique et son style enlevé.
Seul, Pierre Marmouget signe deux joyaux de l'architecture royannaise des années 50. La place du Docteur Gantier, véritable porte d'entrée monumentale du centre moderne de Royan, conjuguant la légèreté et la facétie de ses larges « ailes de papillon » situées au verso, prend quinze années à l'architecte pour parfaire son œuvre. Mais, c'est sans doute la villa La Rafale, surnommée Boomerang, située dans Le Parc, qui reste sans conteste son chef-d'œuvre, encore visible aujourd'hui, le plus réussi. Cette étonnante villa reprend le projet fonctionnaliste, la légèreté de la construction sur pilotis, la courbe et la couleur, le jeu décoratif qui signent ses plus réalisations les plus abouties.
Pierre Marmouget n'apparaît plus, après la Reconstruction de Royan, sur les listes de l'Ordre des Architectes. Il travaille comme simple dessinateur dans un cabinet bordelais au milieu des années 1960, puis disparaît.
Il meurt à Nice dans les années 2000.
Comète parmi les ténors de l'architecture royannaise, Pierre Marmouget signa sans doute les plus audacieuses réalisations de la Reconstruction. Si Royan est parfois qualifiée de « Petite Brazilia », c'est à Pierre Marmouget qu'elle le doit.
Notice établie d'après l'ouvrage dirigé par Gilles Ragot L'invention d'une ville (Éditions Monum) et le Guide de l'Architecture de Royan 1950 écrit par Antoine-Marie Préaut (Éditions Bonne-Anse).
Œuvres aux Éditions Bonne-Anse
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