Audouin, Adelmand

Adelmand Audouin est né le 24 Mai 1853 à L'Éguille dans une famille modeste puisque, sur son acte de naissance, son père, Mathurin, figure comme « marchand d'huitres », ce dernier étant le second d'une fratrie de sept enfants. La famille Audouin est protestante depuis une date indéterminée mais très ancienne puisqu'on en trouve trace à Pons dès 1720. Les ainés sont traditionnellement meuniers tandis qu'un frère de Mathurin devait devenir pasteur à Saujon et, un neveu, pasteur à La Tremblade.
Adelmand fit ses études primaires et secondaires à La Tremblade, précisément, dans un école protestante de garçons que dirigeait M. Drancourt, parent de sa famille.
Il commença ensuite ses études de médecine à Paris et les poursuivit à Montpellier où il soutint une thèse sur la curabilité de la tuberculose assez remarquée à l'époque. Il commença à exercer dans cette ville et devint rapidement chef de clinique.
Le 14 Décembre 1880, il épousa Myran Peyrolles, originaire de Marseille, mais la santé de sa jeune femme l'obligea à quitter Montpellier et à venir s'établir à Royan dans son pays d'origine. C'est alors que commença pour lui la deuxième partie de sa carrière qui devait durer plus de quarante années. Il avait alors trente ans.
Il fit à cette date l'acquisition, dans la rue des Chantiers, (actuellement rue Jean Gouly) d'un terrain d'une quarantaine de mètres en façade et d'environ cent cinquante mètres de profondeur qui devait porter le numéro 22. Il y fit construire une maison d'habitation dénommée Villa Flore comportant, dans la cour d'entrée, une remise à voiture et une écurie car le cheval était encore, à cette époque, le seul mode de déplacement connu.
Cette maison devint la résidence où il pratiqua la médecine privée jusqu'à la fin de sa carrière aux environs  de 1925.
Le docteur Audouin s'est, toute sa vie, consacré entièrement à son métier qu'il pratiqua avec l'autorité que lui conféraient, d'une part un idéal particulièrement élevé, d'autre part une valeur professionnelle incontestée puisqu'il était souvent appelé en consultation bien au delà des limites de sa petite patrie.
Il fut médecin des Chemins de Fer de l'État pendant près de 40 ans, retraité avec l'honorariat. Il fut également Médecin-chef de l'Hôpital auxiliaire de la Croix-Rouge de Royan depuis sa création, au début de la guerre de 1914-1918, jusqu'à sa fermeture.
Sur le plan politique, il fut conseiller municipal de Royan peu avant 1900 mais ces fonctions furent de courte durée car il avait combattu le projet - qu'il jugeait financièrement désastreux - d'un second casino ( le casino municipal ) créé en 1895. Sollicité à nouveau après la guerre, il refusa de se représenter. Son activité professionnelle inlassable ne lui a pas permis de rechercher des postes de conseiller d'arrondissement ou de conseiller général car ce vieux protestant républicain était d'une intransigeance farouche qui n'admettait pas de concessions.
De son mariage en 1880, Adelmand Audouin avait eu trois enfants, des garçons, dont aucun ne se fixa  à Royan.
Il perdit son épouse en 1937 et les infirmités de l'âge l'amenèrent à se retirer à la maison de santé Sainte-Marthe à Pontaillac mais il ne manquait pas, chaque fois que ses forces le lui permettaient, d'aller passer quelques heures chez lui à la villa Flore.
Vêtu de noir comme il l'avait été toute sa vie, souvent en jaquette, il portait des cheveux blancs longs et bouclés dépassant de son chapeau ainsi qu'une barbe blanche. S'appuyant sur sa canne, il était une figure légendaire de Royan.
Puis la guerre de 1939 éclata et vint l'occupation allemande suivie, en 1944 de l'évacuation obligatoire des derniers Royannais. Le docteur Audouin fut ainsi emmené jusqu'à Périgueux. Il avait alors 91 ans. Les fatigues et les souffrances du voyage furent, à son grand âge, la cause déterminante de sa mort le 31 Décembre de cette même année 1944, c'est à dire 5 jours avant la destruction de Royan qu'il n'aurait peut-être pas supportée. Quelques mois après son décès son corps fut ramené à Royan et il repose maintenant dans le caveau de sa famille situé dans le cimetière protestant rue Pierre Loti.

La Reconstruction de Royan a comporté la percée d'une voie nouvelle dans le prolongement du boulevard Louis Lair jusqu'au Palais des Congrès, en grande partie à travers l'ancienne propriété du docteur Audouin. C'est pourquoi la municipalité a décidé de donner en souvenir son nom à cette nouvelle rue.

 


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