Fouché, Madeleine : "Françoise"

Royan 02/01/1912 - Royan 28/08/1999

Madeleine Fouché est née dans une famille protestante. Elle a peu connu sa mère, décédée fort jeune, et a perdu son père des suites de la guerre de 14-18. Elle est élevée par ses grands-parents et se retrouve seule lorsque son fiancé, jeune fonctionnaire colonial, meurt pour la France. Elle s'occupe alors des bonnes œuvres, de scoutisme, visite les malades. A partir de fin 1942, la Résistance cherche à s'organiser et à s'unifier autour des mouvements les plus importants. L'OCM (Organisation Civile et Militaire) est l'organisation la plus forte dans la zone B (de la Loire aux Pyrénées) avec le général Grandclément à la tête de l'état-major à Bordeaux. Parallèlement, conformément au souhait de Jean Moulin, une organisation militaire est mise en place, l'Armée Secrète, AS. C'est le général Bruncher de Fouras, alias Félix, qui en est le chef pour la Charente-Maritime. Jean Garnier, de St Hilaire de Villefranche, cherche à constituer des groupes de Résistants et à les rattacher à l'O.C.M.. Il prend contact avec Madeleine Fouché à Royan qui le met en rapport avec Louis Bouchet. Ce dernier est chargé de constituer des groupes dans le secteur de Royan. Le commandement militaire est confié au commandant Baillet, officier en retraite à Royan. Dans cette ville, deux réunions se tiennent en juin et janvier 1943 en présence de Bruncher, Garnier, Louis Bouchet, le commandant Thibaudeau, Madeleine Fouché alias Françoise, Franck Lamy des Ponts et Chaussées... Elles permettront de compléter l'organigramme. En remplacement du commandant Baillet, parti diriger l'A.S. en Charente, le commandant Thibaudeau prend le commandement du secteur de Royan, presqu'île d'Arvert et canton de Marennes, Cozes et Gémozac. Françoise devient son adjointe et agent de liaison. Elle est en contact avec le général Bruncher qui cherche à organiser la Résistance pour tout le département. Ses voyages se multiplient et sa tâche devient écrasante surtout lorsque le général lui propose d'être agent de liaison départemental.
En août et septembre 1943, la répression policière s'abat sur le Sud-Ouest, provoquant une vague d'arrestations de responsables de l'O.C.M.. Le général Bruncher se réfugie à Cognac puis à Paris. Françoise vient en aide aux familles de ceux qui sont incarcérés, veille sur ceux qui peuvent être inquiétés en détruisant les papiers compromettants et s'emploie à rétablir les liaisons perturbées par les nombreuses arrestations. Le commandant Thibaudeau devient chef départemental, Françoise assure les liaisons avec la nouvelle direction à Bordeaux. Louis Bouchet remplace Thibaudeau comme chef de la zone Royan Presqu'île d'Arvert.
Une nouvelle vague d'arrestations a lieu en février 1944, consécutive à la trahison de l'équipe Grandclément à Bordeaux. Louis Bouchet est arrêté et emprisonné à Lafont avant d'être déporté. Son frère Paul, arrêté puis rechaché, le remplace à la tête du secteur. Françoise quitte Royan et se réfugie à Gémozac où elle apprend que l'État-major régional de Bordeaux est arrêté, achevant la désorganisation de la Résistance locale. Isolée, sans argent et sans directive, elle gagne Paris pour renouer avec l'État major national où elle est rejointe par le commandant Thibaudeau. Tous deux refusent d'être envoyés dans des départements où ils seront moins recherchés par la Gestapo et repartent en Charente-Maritime. Françoise est nommée au grade d'aspirant de l'Armée Secrète. Ils ont comme mission de regrouper les organisations de Résistance pour former les F.F.I., de préparer l'insurrection et de mettre en place un système administratif après l'élimination de ceux qui avaient servi Vichy.

Françoise est nommée sous-lieutenant F.F.I. le 12 mai 1944 et devient la véritable adjointe du chef départemental. Une période confuse et dangereuse s'ouvre. La multiplicité des groupes et donc des chefs et l'étanchéité obligatoire des réseaux favorisent la confusion et les malentendus. Certains chefs locaux, désireux de se faire une place au soleil à l'approche d'une Libération espérée, tentent d'écarter les plus anciens. C'est ce qui se produit à la tête de l'OCM dont le chef historique, le commandant Thibaudeau, confirmé par l'état-major de Paris, se trouve supplanté par un nommé Maurice Charlatte, alias Renard, nommé, lui, par le général Moraglia alias Dufour, nouveau patron de l'état-major de Bordeaux. Charlatte était depuis septembre 1943 chef du secteur de Rochefort. Ambitieux et peu compétent, il est tenu pour responsable, en août 1944, de la tragédie de Château-Gaillard en Charente où il avait installé son PC. Trompés par un ordre émanant en fait de l'ennemi, une centaine de maquisards y furent victimes d'une attaque allemande. Charlatte avait pris la fuite dès le début de l'assaut.
Françoise est victime de ces dissensions et rivalités, accusée d'espionnage par Charlatte. Fin août 1944, elle apprend que les F.F.I. de Saintes projettent d'attaquer Royan avec 2 canons de 75. Effrayée par leur inconscience, elle décide d'aller porter les plans de la défense de Royan à l'État-major de Bordeaux afin de montrer l'importance des défenses allemandes. Elle part avec Daniel Arrivé, résistant royannais, et se retrouve devant Charlatte à Bordeaux. Ils sont arrêtés et emprisonnés mais les plans sont transmis et, après examen, le général commandant de la région décide de faire le siège de Royan et de reporter l'attaque à une date ultérieure. De plus, les renseignements fournis par Françoise seront par la suite utilisés pour élaborer un plan et rédiger les ordres préparatoires à l'attaque.
Après plusieurs jours de détentions, Françoise et Daniel Arrivé sont mis en liberté surveillée sur l'intervention du préfet de la libération Verneuil et la caution de Jean Garnier. En septembre 1944, l'état-major régional du colonel Adeline à Saintes nomme Thibaudeau chef des F.F.I. en Chrente-Maritime et destitue Charlatte de tout commandement militaire. À titre de réparation et en reconnaissance de son action, Françoise est élue à l'unanimité au Comité Départemental de la Libération le 20 novembre 1944.
Elle entre dans Royan le 16 avril 1945 pour féliciter les membres de la Résistance locale.
Elle a obtenu la croix de la Légion d'Honneur, la Croix de Guerre 39-45 et la Médaille de la Résistance. En 1995, elle est élevée au grade d'Officier de la Légion d'Honneur.
Après la guerre, elle informe les jeunes générations sur la Résistance et créé le concours de la Résistance et de la Déportation dans les collèges et les lycées. Elle sera conseillère municipale royannaise de 1953 à 1983, adjointe aux affaires sociales. Membre fondateur du club SOROPTIMIST en 1956, elle en assurera la présidence de 1959 à 1961.

Sources : les recherches de Marie-Claude Bouchet, l'ouvrage d'Henri Gayot "Occupation, Résistance, Libération en Charente-Maritime", le récit de Madeleine Fouché.


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