Abadie de Madières, Pierre

L'ami Pierre nous a quittés. Après un dernier adieu, il repose désormais au cimetière des Tilleuls, dans le caveau familial.
Sa vie professionnelle lui avait permis de parcourir le monde. Il côtoyait « la France d'en-haut » mais il gardait une fidélité absolue à Royan, sa ville natale, à son quartier de Pontaillac, et au jeune garçon qu'il avait été et qui, en juillet 1940, au tout début de l'Occupation, commençait son Journal poursuivi pendant près de 70 ans.
Enfant choyé, un peu solitaire, élève studieux au collège Émile Zola à Royan, il quitta la ville en 1944 pour faire son droit puis Sciences Po. à Paris. Il fit une brillante carrière de conseiller au sein d'un grand groupe financier où il conserva des liens amicaux, bien au-delà de sa retraite.
Homme de culture, passionné de musique -il fut longtemps un abonné du festival de Bayreuth - grand lecteur et grand voyageur, avec une prédilection pour la Grèce, il revenait chaque été vers les lieux de sa jeunesse. On voyait s'ouvrir les volets de sa villa Marguerite de Pontaillac, et dans ce décor où rien ne semblait avoir changé, les années s'effaçaient. Vêtu d'un vieux pull, il enfourchait sa bicyclette, comme autrefois pour aller au Collège ou à la plage.
Ses rapports avec les gens étaient empreints d'une politesse raffinée, quel que soit son interlocuteur, en même temps que d'une grande simplicité. Dans ses yeux se lisait une expression à la fois candide et teintée d'une légère ironie, révélant une personnalité complexe et très attachante.
Sa frêle apparence dissimulait une endurance à toute épreuve qui lui permit de tenir longtemps en échec la maladie dont il était atteint depuis plusieurs années. « Il faut secouer l'animal », disait-t-il aux pires moments de fatigue.
En 1945, bouleversé par l'annonce du bombardement de Royan, il écrivait dans son journal : « Il a fallu que disparaissent ces lieux où je suis né, où j'ai toujours vécu, pour me rendre compte à quel point je les aimais...Je m'en étais éloigné finalement sans trop de peine, presque ingrat ; ma nouvelle vie parisienne me donnait des bouffées de vanité supérieure et voici que, je le sens aujourd'hui, j'avais continué de vivre au milieu de ces maisons, de ces murs, de ces arbres, qui ne sont plus. »

Marie-Claude Bouchet


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