Maresté, Geo
Cognac, 1875 - 1940
Impressionniste charentais, propriétaire de la villa Saphir sur la corniche de Nauzan, Geo Maresté est de ces artistes inconnus, autodidactes, dont la carrière discrète s'est limitée à une production destinée à interpréter et immortaliser des situations vécues, des lieux chers, ou des rêves propres à leur vie intime et à leurs environnements. Passionné par la vie et la nature, admirateur insatiable de sa région natale, attentif aux évolutions de ses habitants, comblé par la vie qu'il a vécue dans une province riche d'une lumière qui a toujours attiré les peintres, il est sûrement celui qui a le mieux traduit la douceur de vivre et la beauté des Charentes.
Geo Maresté est né à Cognac, le 28 Juillet 1875. Benjamin d'une famille de cinq enfants, il passe son enfance dans une modeste maison située sur la place de la Corderie. Son père exerce la profession de chaudronnier et distillateur d'eau, activités encore exercées à ce jour par les descendants. Entre douze et treize ans, une affection pulmonaire l'oblige à interrompre la scolarité qu'il suivait au collège de la ville pour ne plus quitter la maison familiale durant une année entière. Sur l'influence de son frère Ernest, qui l'initie au dessin, il se consacre à cet art et en fait son refuge et sa passion. Naturellement amené à la peinture, il signe sa première toile en 1893, début d'une courte période académique, où son maître local, René Hérisson, peintre animalier, lui enseigne, avec ses compagnons de La palette Cognaçaise, les rudiments et les techniques indispensables à cette forme d'expression.
Son adolescence est faite de longues séances de travail durant lesquelles il s'applique à parfaire les techniques acquises tout en recherchant son propre style. Il pratique toutes les matières et les emplois de manière originales et variées pour représenter son environnement. Il subit surtout l'influence de Louis Cabié, un impressionniste Breton, élève de Harpignies, qui réside à Bordeaux et visite régulièrement la campagne charentaise. Tout ces artistes ont en commun l'indéniable inspiration de Camille Corot et Théodore Rousseau, dont l'atmosphère tendre et vivante se retrouve comme la dominante de leurs œuvres. Ils suivent ces initiateurs pour maîtriser les effets et qualités de la lumière sur les choses, et rendre plus éclatante de spontanéité la composition poétique inspirée par un paysage ou une scène champêtre.
A Paris, le 6 juin 1903, il épouse Juliette Marescal, originaire de Chartres, qui était venue à Cognac pour parfaire son métier d'infirmière. De retour en Charente, son père ayant procédé aux partages familiaux, il possède désormais la distillerie d'eau et un établissement de bains-douches qu'il confie à un neveu. La liberté et l'assurance pécuniaire ainsi acquises lui permettent de se consacrer totalement à la peinture. Il s'aménage un atelier au premier étage de son immeuble situé au bas de l'allée de la Corderie. Il y passe ses journées, vouées à son art et à sa passion. Il se livre parallèlement à des recherches originales sur les différents supports utilisables : toile, papier, carton, papier de verre, aggloméré de bois, fonds colorés ou autres matières. Il emploie même des végétaux, herbes ou feuillages, qu'il traite en collage.
L'infructuosité de ses recherches et les échecs successifs le font bientôt renoncer pour revenir à des supports plus classiques. Adulte serein, Geo Maresté est parvenu à s'exprimer dans un style plus personnel. Il reste animé d'un tempérament gai et drôle et apprécie les mondanités. Reconnu pour son talent et ses qualités de cœur, il évolue parmi la noblesse locale et se complait dans le luxe radieux de la belle époque. C'est en bonne et notable compagnie qu'il passe les dimanches et fêtes. C'est en petit groupe qu'avec ses amis intimes il se rend régulièrement à Royan et Saint-Palais, où, sur la corniche de Nauzan, leurs villas se côtoient. Sa production de paysages marins est d'ailleurs importante. Durant ses nombreux séjours sur l'Atlantique, il se lie d'amitié avec la Duchesse de Rohan. Il devient un de ses amis intimes et ne peut dissimuler la réelle admiration qu'il voue à sa grâce autant qu'à son titre.
En octobre 1925, il expose à Paris à la Galerie Georges Petit. Cela lui vaut d'être remarqué par Louis Hourticq, journaliste et critique de référence, membre de l'Académie des Beaux-Arts, qui lui rend hommage dans un article très élogieux paru dans la revue L'Art et les Artistes. Mais le parisianisme outrancier ne l'enchante guère. Il regagne Cognac et se résigne à vivre désormais dans son agréable maison de la rue du Temple, en compagnie de sa femme. Entourés de leurs amis, ils mènent une vie aisée de qualité provinciale. Il est probable que dans sa lointaine province il regrette la compagnie des maîtres et artistes parisiens, mais le pays de ses attaches est source d'une inspiration aussi forte et créatrice, d'autant que son style propre s'est suffisamment affiné pour qu'on le reconnaisse comme tel.
Il décède à Cognac, le 4 Octobre 1940, à l'âge de 65 ans. Sa femme reste seule avec, pour toute compagnie, les quelques œuvres qui ont pu échapper aux mains de leur neveu ; mémoire d'un autre temps, d'une époque révolue, de belles années à jamais disparues. "Les paysages de Géo Maresté sont de charmants petits poèmes en l'honneur du ciel charentais. Le plaisir de contempler; la joie de peindre, y éclatent avec la spontanéité d'un chant d'oiseau. Il est évident qu'il ne faut pas classer Geo Maresté parmi ceux qui font pesamment étalage de leur application. Il est de ceux qui pensent qu'un musicien, avant de convier le public à l'entendre, doit savoir bien jouer de son instrument. Parmi ses plus récents tableaux, il faut noter de petites compositions où son impressionnisme atteint à une sorte de lyrisme décoratif. Les fêtes charmantes que peint Geo Maresté sont comme la floraison naturelle de sites aimables destinés à encadrer le bonheur. Ce peintre est un si bon observateur de sa région qu'il en devient aussi parfois le poète".
Louis Hourticq "L'Art et les Artistes" 1925
Quelques œuvres de Géo Maresté
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