Jacque-Henri Lartigue, photographe
C'est peu de dire que Jacques-Henri Lartigue cultivait un art certain du bonheur... Les photos de vacances à Royan pendant les Années Folles en sont encore une preuve.
Lieu de résidence
A la villa Aigue Marine, sur le boulevard Frédéric Garnier.
La villa Aigue Marine existe toujours sur le boulevard. Elle a bénéficié pour sa restauration du label Fondation Patrimoine.
La vocation de Henri Lartigue, devenu plus tard Jacques-Henri Lartigue en hommage à son père, est précoce. Dès ses plus jeunes années, il emprunte l'appareil photo paternel et en 1904, à 10 ans, il photographie puis dessine les jeux d'enfants dans les parcs, les belles dames du bois de Boulogne, les débuts de l'aviation... Il commence à écrire un journal qu'il enrichira durant toute sa vie. Amateur d'art, il rencontre Sacha Guitry, Yvonne printemps, Pablo Picasso... Tous adorent Royan et s'y retrouvent pour les vacances. Avant-guerre, l'heure était plutôt aux plaisirs ! Dans son livre de mémoires L'Emerveillé il nous raconte ces années d'insouciance de 1923 à 1931. Il parle de Royan, du charme de cette cité balnéaire très en vogue entre les deux guerres, de ses amis, Sacha Guitry, Yvonne Printemps. Jacques-Henri Lartigue, au cours de deux saisons passées à Royan, photographie ses amis, Sacha à la Criée, les jeux de ballons sur la plage, les châteaux de sables, les promenades avec Bibi et Grete à la Grande Côte...
Frédéric Chassebœuf, auteur des Villas de la Côte de Beauté, est intarissable sur cette villa Aigue Marine, qui, il faut bien l'avouer est, aujourd'hui, l'une des plus belles du boulevard Garnier... Voici ce qu'il en dit : « Certains Royannais l'ont surnommée, non sans malice, « Chambord-sur-Mer », tant les proportions de la villa Aigue Marine sont imposantes et les références à l'architecture castrale évidentes. Construite dans les toutes premières années du XXe siècle, elle occupe un terrain qui faisait partie, à l'origine, d'un vaste emplacement réservé par la Compagnie Foncière du Parc pour la construction d'un nouveau casino ». Mais les emplacements qui avaient été réservés par la Compagnie Foncière du Parc sont finalement cédés à des particuliers, ce qui explique l'importante superficie du terrain dont jouit la villa Aigue Marine.
Frédéric Chassebœuf continue : « Probablement élevée pour Léon Lehmann, un personnage fortuné d'origine charentaise à la tête de plusieurs magasins des Nouvelles Galeries, la villa affiche une architecture très ambitieuse, étrangère aux productions locales. De fait, Léon Lehmann, fit appel à un architecte académique de grand renom, Henri Deglane (1855-1913), et qui s'était notamment illustré en dirigeant, dans la capitale, les travaux de construction du Grand Palais... L'orgueilleuse villa qui en résulte est coiffée d'une immense toiture à combles brisés recouverte d'ardoises.
Outre le soubassement réservé aux pièces de service, elle comprend un rez-de-chaussée qui renfermait des pièces de réception traditionnelles comme le salon, la salle-à-manger et son office, mais encore un bureau, une salle de billard et une salle de jeu pour les enfants ; un étage carré et deux étages sous combles. Le premier niveau sous combles contenait des chambres d'amis ainsi qu'un « atelier d'artiste ». Une tour, octogonale à la base et passant en plan circulaire dans les parties supérieures, marque l'angle Nord de la bâtisse.
Coiffée par une haute poivrière couronnée d'un clocheton, elle était terminée par une chambre panoramique, ouverte à l'origine. Cette tour, qui fait appel à la symbolique castrale, renforce encore l'effet de monumentalité de la villa... »
Sources : Les Villas de la Côte de Beauté en Charente-Maritime de Frédéric Chassebœuf aux Éditions Patrimoines Médias
et Guide architectural Royan 1900 de Frédéric Chassebœuf aux Éditions Bonne Anse.
En savoir plus : Si Aigue Marine m'était contée de Marie-Anne Bouchet-Roy & Jean-Christophe Ledoux aux Éditions Bonne Anse.