Odilon Redon, peintre
par Elisabeth Weiss-Vaesken
A Saint-Georges-de-Didonne, il enrichit enfin sa palette des couleurs vives inspirées par la mer, le soleil,
les voiles des bateaux...
Lieux de résidence
A la villa Goa, Saint-Georges-de-Didonne, aujourd'hui un hôtel, l'Hôtel du Printemps,
7 avenue Pelletan
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Peintre symboliste et coloriste de la fin du XIXe siècle, Odilon Redon est né à Bordeaux, le 20 avril 1840. De santé fragile, il est écarté de sa ville natale et élevé par une nourrice puis par son oncle en pleine campagne dans le Médoc, au domaine de Peyrelebade. Il apprend à dessiner avant même de savoir écrire, reste en émerveillement devant des tableaux lors d'une visite au Louvre et quand on lui demande ce qu'il veut faire il répond « artiste ». Néanmoins il suivra quand même des études d'architecture mais contrairement à son frère Gaston devenu architecte Prix de Rome, et futur architecte du Casino municipal, il échouera à l'examen.
En 1897, Odilon Redon séjourne encore à Peyrelebade avant de vendre le domaine suite à un désaccord avec ses frères. En septembre de cette année-là, il part pour Saint-Georges-de-Didonne, et réside à la villa Goa, qu'il appelle très vite la villa Goya. A Saint-Georges-de-Didonne, sur l'embouchure de la Gironde, près de Royan, il apprécie les charmes du village et y poursuit son œuvre de paysagiste. Il y viendra dix années de suite.
Dans sa correspondance, on peut lire « Malgré beaucoup d'inégalité dans le ciel, on passe ici des journées sans trop de mélancolie. Quand il pleut je travaille avec délice. Saint-Georges est toujours paisible et familial. Quand on revient de Royan, on sent dans ses petites rues, revenir le calme d'esprit, une tranquillité qui est vraiment son caractère dominant. Cette année, l'automobile me le gâte un peu, beaucoup...»
A Saint-Georges, inspiré par la lumière, Odilon Redon abandonne de plus en plus le noir « qui l'épuise » et fait éclater ses couleurs. Dans ce « petit village délicieux avec sa plage intime », il reprend goût à la vie après une grande période de tristesse et de neurasthénie, due bien sûr à sa nature propre, ses angoisses, ses cauchemars, mais aussi à la mort de son premier fils quelques mois après sa naissance qui l'a plongé en 1886 dans une crise mystique. Il renouvelle complètement sa palette, et aligne les couleurs vives.
Il écrit désormais « j'ai épousé la couleur, il m'est difficile de m'en passer ». Cette résurrection donne naissance à de nombreuses œuvres inspirés de paysages de la côte : Rochers de Vallières et Rochers de Royan, Colline près de Royan, Yachts à Royan, Rue à Saint-Georges et Moulin de Saint-Georges. Une Barque peinte en 1900 avec une mer bleu vif et une voile ocre, ou encore un Bateau aux voiles rouges de 1905 sont aussi de véritables hymnes à la couleur.
Après dix étés à Saint-Georges, on ne verra plus guère Odilon Redon dans notre région. Il mourra à Bièvres, en région parisienne en 1916. La villa Goa a connu quelques tribulations depuis Odilon Redon. On dit même que pendant l'Occupation, elle aurait été une maison close pour les officiers allemands, avant d'être reprise pour devenir un hôtel...
Source : le blog de Saint-Georges-de-Didonne (Eric Picard et Michel Bellouard).