Des carrelets et des hommes

Pauv'pecheurPendant des siècles, la pêche au carrelet fut la pêche des pauvres, des sans-travail, des sans-ressources. Impossible de compter sur cette pêche aléatoire pour assurer la subsistance d’une famille. C’est ce désespoir qu’a bien rendu PUVIS DE CHAVANNES dans son célèbre tableau « Pauvre Pêcheur ». La pêche au carrelet a, le plus souvent, apporté un complément alimentaire aux plus défavorisés et leur donnait de plus, de temps en temps, une monnaie d’échange permettant de se procurer d’autres biens de consommation.

PUVIS DE CHAVANNES “Le Pauvre Pêcheur” PARIS Musée d’ Orsay.

 

Cette pêche était facile à pratiquer, nulle autorisation n’étant nécessaire pour s’y livrer le matériel était simple : un carré de filet, deux arceaux en branches d’acacia, une corde et une fourche de bois comme support. Pêche de pauvre, donc pêche de femmes. Ce sont les femmes de Saint-Palais qui utilisaient ces pêcheries semi permanentes décrites par Duhamel du Monceau. C’est au début de la « civilisation des loisirs » que les carrelets vont se fixer sur la côte. Il n’en est pas encore question avant 1900. Vingt ans plus tard les carrelets s’alignent sur le Quai Neuf de Foncillon, à Royan et sur les rochers du Pigeonnier. Henri Clouzot, dans « Les Plages d’Or », s’est plu à nous décrire les mystifications auxquelles se livrent les pêcheurs aux dépens des badauds. « Un genre de sport fort en honneur consiste à dauber les profanes, infatigables donneurs de conseils. Le pêcheur facétieux fait de la fantaisie. Par exemple, au lieu de remonter vivement son engin pour empêcher le poisson de s’échapper, il tire à petits coups, s’arrêtant pour causer ou allumer une cigarette. La galerie s’esclaffe ». Ces carrelets sont le plus souvent un simple mât, avec un treuil servant à remonter le filet. Les pêcheurs au carrelet n’ont jamais fait partie de la population halieutique des côtes de Saintonge. Ce sont principalement des membres des professions libérales, des commerçants et artisans, des cultivateurs aisés, ainsi que des retraités. Beaucoup sont originaires de l’arrière-pays, de Saintes ou d’Angoulême. Les premiers carrelets sur ponton furent des « carrelets de notables ».
 

 

Mis sur pieds par des charpentiers professionnels, ils étaient en général gardés et entretenus par un ancien pêcheur retraité, qui s’y livrait à la pêche en l’absence du propriétaire. Par la suite, chaque avancée sociale et chaque augmentation du « temps libre » a amené une démocratisation du carrelet. Ouvriers, employés, retraités accèdent au carrelet. L’autoconstruction se développe, favorisée par l’élévation du niveau de vie et l’allongement du temps de loisir. Sur les carrelets à ponton, le plaisir de la pêche se diversifie. Ce n’est plus seulement l’attrait de la pêche en elle-même. Le pêcheur au carrelet peut se livrer à la méditation et à la contemplation de la mer, tout en remontant son filet de temps en temps. C’est cette détente face à la mer « toujours renouvelée » qui constitue alors le plaisir du carrelet. Les cabanes sont également un lieu de réunion, en famille ou entre amis, surtout lorsqu’elles sont dotées d’un certain confort. Le carrelet est devenu une sorte de résidence secondaire, un lieu de détente et de convivialité et remplit alors un rôle similaire à celui des  « jardins  ouvriers » des banlieues, des cabanons, des palombières, des tonnes de chasse. C’est là un aspect social du carrelet qui a sans doute favorisé son développement dans les années 50.

 

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