En 1997 et 1998, au mois de septembre, Royan fut une étape, avec La Trinité et Les Sables d'Olonnes, du Championnat ORMA des Multicoques 60', compétition prestigieuse réunissant les plus grands skippers et leurs multicoques de légende, plus habitués des transats et des tours du monde que des parcours côtiers. Le plan d'eau de Royan, transformé en véritable stade nautique, vit s'affronter au cours de régates acharnées Francis Joyon (Banque Populaire), Loïck Peyron (Fujicolor II), Paul Vatine (Chauss'Europe), Laurent Bourgnon (Primagaz), Alain Gautier (Brocéliande), Franck Cammas (Groupama), Marc Guillemot (Biscuits La Trinitaine) et François-René Carluer (Laiterie de Saint Malo-Défi Malouin - ancien Elf Aquitaine).

Parmi les hommes et femmes d'équipage, ont pouvait reconnaître la silhouette de Florence Arthaud ou d'Yves Pageot pour les plus connus du public, mais les connaisseurs vont diront que le Grand Prix de Royan a réuni la fine fleur de la course au large, tacticiens, skippers, spécialistes du multicoque comme Jean Maurel ou Bernard Pointet. Indispensables également, les maîtres voiliers, ingénieurs, préparateurs à terre qui mettaient à profit ces régates pour affiner les réglages de ces prodigieux navires en prévision des courses au large.

En 1998, Royan fut en effet le dernier round avant la Route du Rhum, une excellente occasion pour faire le point sur les forces en présence. Autant dire que les curieux qui déambulaient nombreux sur le port de Royan en prenaient plein les yeux. A quai déjà, la vision était impressionnante. Plus de 18 mètres de long, plus 15 mètres de large, des mats qui culminaient à 30 mètres, les trimarans, sagement alignés, dégageaient une impression de puissance. Les passants montraient une sorte d'attention respectueuse, tant il apparaissait évident que ces bêtes de course n'était pas à la portée du premier marin venu. En mer, le spectacle était total. Les bateaux s'affrontaient sur deux types d'épreuves : des parcours en «banane» autour de trois bouées qui mettaient à contribution la maîtrise parfaite de la manoeuvre, la vitesse d'exécution, le placement par rapport aux adversaires et un parcours côtier, avec plusieurs manches par jour selon la météo. Tous les parcours étaient mouillés à quelques encablures de la Côte permettant au public de suivre l'évènement. Les équipages menaient à fond les multicoques capables d'atteindre des vitesses de 30 nœuds, les manœuvres s'enchaînaient à un rythme effréné, les navires toilés se frôlaient, trop peut-être...Lors du Grand Prix de 1998, c'est la collision entre deux bateaux qui se solde par un vilain trou dans le flotteur du trimaran Banque Populaire.

À ce petit jeu du chat et de la souris version aquatique, Loïck Peyron et son équipage furent les plus fins régatiers, vainqueurs du Grand Prix de Royan en 1997 et en 1998. Le skipper décrocha dans la foulée une 5ème place dans la Course du Rhum. Ces victoires ravissaient le public qui avait un penchant marqué pour Loïck Peyron, abordable et cabotin à terre.

D'autres parties se jouaient également dans le village de tentes dressé sur le port pour accueillir les marins. Les skippers et les équipiers repartaient inlassablement à la recherche d'argent et de sponsors pour la prochaine course. Ces bateaux que l'on compare fréquemment à des Formules 1 des mers et les formidables courses dans lesquelles ils s'engagent, nécessitent des budgets conséquents.

Le monde des Multicoques dans toutes ses composantes s'était donc invité à Royan. La ville eut l'occasion de faire valoir sa vocation nautique et maritime, notamment à travers la nouvelle base nautique, et de faire découvrir son plan d'eau entre l'Estuaire de la Gironde et l'Océan Atlantique.

Les géants s'en sont allés mais ces deux rendez-vous de fin d'été ont laissé de jolis souvenirs et peut-être quelques vocations naissantes.

Loïck Peyron (Fujicolor II)

Paul Vatine (Chauss'Europe)

Paul Vatine (Chauss'Europe) et Francis Joyon (Banque Populaire) bord à bord