Colette Besson, médaille d'or du 400m aux Jeux Olympiques de Mexico
Août 2004
À la veille des Jeux d'Athènes, l'édito de la Cyber-gazette revenait de droit à celle qu'Antoine Blondin surnomma «la petite fiancée de la France». Colette Besson, médaillée d'or sur 400m à Mexico en 1968, a grandi à Saint-Georges-de-Didonne et ses records, ses médailles, son parcours de sportive exemplaire, en font une sorte de figure tutélaire en Pays Royannais. Une image discrète du talent, du courage, du travail et du plaisir de courir que l'on invoque volontiers en ces temps de grand tapage. Avant son départ pour la Grèce, la championne nous entraîne sur la piste de sa médaille au gré de quelques souvenirs et réflexions. Édito édifiant pour préparer les J.O.
Objectif Mexico 68
«Les Jeux Olympiques ont été un objectif pour moi et mon entraîneur (Yves Durand-Saint-Omer) dès 1966. J'avais été «découverte» par un professeur d'éducation physique du collège et la progression a été très motivante. On est grisé par les bonnes performances. En 1960 je me suis inscrite à l'AS Goëlands Club de Royan. Je m'entraînais au Stade de la Triloterie (actuellement Stade Raymond Matet, une piste avec des trous des bosses). Trois entraînements par semaine et les compétitions le dimanche. J'ai poursuivi ma préparation au BEC (Bordeaux Étudiants Club) après avoir été nommée prof de gym à côté de Bordeaux. J'avais besoin de soutien financier à une époque où le sport était amateur, notamment pour le paiement des frais de déplacement.»
Le secret de la dernière ligne droite
«Les J.O. de Mexico ont été ma première grande compétition internationale. A l'époque, pour se frotter aux autres athlètes, il n'y avait que les J.O. tous les 4 ans, les Championnats d'Europe et les matchs internationaux. Le secret de ma victoire c'est beaucoup de travail, d'abnégation et de confiance en moi. Et une excellente préparation. En mai 1968, les établissements scolaires étaient en grève. Je suis partie à Font-Romeu trois mois avant l'équipe de France. J'ai eu 4 mois et demi de préparation en altitude. C'est ce qui explique ma dernière ligne droite. Les autres ont craqué, elles manquaient d'air.»
Regard sur Athènes 2004
"Les J.O. sont aujourd'hui totalement différents. C'est un spectacle où les valeurs du sport ne sont plus tout à fait présentes. L'état d'esprit n'est plus le même. J'y serai car c'est merveilleux que les Jeux reviennent en Grèce. Mais c'est le sport business. A l'époque, on gagnait, c'était merveilleux, on perdait ce n'était pas dramatique. Aujourd'hui, les enjeux économiques sont très importants.
Je ne suis pas sûre qu'entre les sportifs que nous étions et ceux qui courent actuellement, il y ait tant de différence. Sans les moyens actuels, sans suivi biologique et médical, j'ai fait 51'74 sur 400 m il y a 36 ans. A Font-Romeu en 1968, lors de la préparation des J.O., j'ai fait du camping pendant quatre mois et demi. Il n'y avait pas de place au lycée climatique qui n'attendait l'équipe de France qu'en août. Alors je me suis débrouillée et j'ai dormi sous la tente. Aujourd'hui les athlètes ont un préparateur physique, mental, une dizaine de personnes autour d'eux. Avec la préparation que les filles ont actuellement et sans dopage, je serais sûrement descendue sous les 50'."
L'art de vivre
Je n'ai jamais eu de blessure pendant ma carrière. J'ai toujours eu une alimentation équilibrée sans régime particulier le jour de la compétition. Aujourd'hui, je fais de la musculation, du golf, du tennis, et du footing. J'ai besoin de courir de temps en temps comme de manger, de respirer, de dormir. Quand je cours, je retrouve des sensations, le rappel de toutes les émotions du passé. J'ai toujours couru pour le plaisir et ça ne change pas.
Je reviens régulièrement à Saint-Georges-de-Didonne. C'est ma ville. J'y ai vécu 21 ans. J'aime la plage, la forêt, la nature, le petit port et le phare.