Le Sporting de Pontaillac
Un nouveau casino ouvrit ses portes, en 1931, à Pontaillac, devenu le quartier branché de Royan. Cet établissement de style Art Déco, conçu par l'architecte Auguste Bluysen, prit la place de la Restauration. Le Sporting, bâti sur pilotis, directement sur la plage, fera les beaux jours d'une clientèle select avec son dancing, son cinéma, ses jeux de boule et de baccara. Michel Braudeau, dans son livre Naissance d'une Passion, paru en 1985, le décrira comme «un grand cube de béton, prolongé d'une terrasse soutenue par de gros piliers de ciment armé, en prévision des marées d'équinoxe et des tempêtes ». La direction de l'établissement est confiée à Lucien Rozenberg, le directeur de l'Athénée à Paris. Pendant l'occupation, le Sporting devint la maison du soldat. Il sera le seul casino épargné par le bombardement du 5 janvier 1945 puis par ceux de la Libération en avril suivant et permettra ainsi le retour de la vie festive après-guerre, alors que Royan centre est en reconstruction. C'est devant le Sporting que le Tour de France s'arrête le 15 juillet 1947. C'est au casino de Pontaillac que Line Renaud et Yves Montand viennent donner un récital pour la Fête de la Renaissance le 10 juillet 1949 qui marque la fin du déblaiement de la ville et le début de la Reconstruction. Dans les années 50 et 60, la programmation du Sporting Casino de Pontaillac fut prestigieuse sous l'impulsion de son "directeur-musicien" Roger Genty. Grâce à ses relations et à ses amitiés dans le Music-hall, il fit venir sur la scène royannaise les plus grandes vedettes de l'époque : Fernand Raynaud, Sacha Distel, Raymond Devos, Georges Brassens, Jacques Brel, Henri Salvador... En 1986, le groupe Lucien Barrière obtient la concession du Casino de Pontaillac et s'implique dans la réhabilitation de l'établissement. Dès 1992, les premières machines à sous investissent le Sporting.
Extrait de "La Guerre des Casinos" de Roger Genty, directeur du Sporting Casino de Pontaillac et du Casino Municipal de Royan
...Toutefois, pour connaître le succès du Sporting dans les années 50, il suffit de feuilleter les éditions "Côte de Beauté" (archives de la bibliothèque municipale) et "Royan ville Nouvelle" de Georges Touroude page 38.
"En 1951, des grandes vedettes ne dédaignent plus de se produire à Pontaillac. Le grand nom du blues Big Bill Broonzy, Jean Nohain, Charles Trenet, Marie Dubas... et la revue "Nu 49" des concerts Mayol attire son monde"! En 1953, Joséphine Baker, en 1954, Brel, Fernand Raynaud, Charles Trenet, Line Renaud, les 4 Barbus et Jacqueline François.
Je me souviens des Compagnons de la chanson mécontents de voir sur l'affiche leur nom en plus petits caractères que celui de Dalida, et refusant d'admettre que le nombre de lettres n'y était pour rien.
Le 9 avril 55 en page 3, le "Côte de Beauté" titre "le Sporting mène". Dès le samedi de Pâques, il prend le départ pour une saison que nous souhaitons brillante pour récompenser son énergique direction de ses efforts de tout un long hiver. Les salles de boule et baccara vont s'emplir à nouveau... , les thés dansants reprendront leurs heures voluptueuses, l'orchestre d'Henry Laura animera les fêtes et la première série des grands galas commencera avec... Luis Mariano accompagné par Maurice Darnell.
Le 19 juillet : Jean Rigaud : le rire fait l'Homme, André Ekyan pour le jazz. Le 3 septembre : Mado Robin. Puis ce sont Charles Aznavour, Fernand Raynaud, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault en 1957. Soirées de gala auxquelles s'ajoutent des concours d'élégance (Côte de Beauté 22 mars 1958), des goûters d'enfants. Les saisons des années 60 sont aussi riches et attrayantes. Raymond Devos, Robert Rocca, Sacha Distel, les Compagnons de la Chanson, Johnny Halliday, Georges Guétary, Gilbert Bécaud, Robert Lamoureux, Léo Ferré, Pétula Clark, Zizi Jeammaire, Henri Salvador, Georges Brassens, Juliette Gréco, Yves Montand pour ne citer que ceux-là..."
Roger Genty, Fernand Raynaud, M. Griffel