Villa Castel Joli
Pontaillac n°1
Jusqu'en 1893, l'orgueilleuse grille en fer forgé qui annonce la villa Castel Joli ouvrait sur l'avenue d'Orléans. Peu enclin à soutenir d'une quelconque manière la monarchie, la municipalité de Royan, nouvelle propriétaire des voies de Pontaillac, la fit rebaptiser avenue de Baracou, au grand dam des habitants du quartier qui ne pouvaient admettre qu'on mette en avant, au cœur de leur éden bourgeois estival, une vulgaire pièce de marais, perdue aux confins de la commune de Vaux-sur-Mer. Finalement, il fut décidé, après concertation, de renommer cette voie avenue Louise. L'honneur était sauf aux yeux de tous. Les habitants de Pontaillac ne voyaient aucun inconvénient à ajouter un prénom féminin à l'une de leurs avenues qui en comptaient déjà quelques-uns, et la fille aînée du maire de Royan, Frédéric Garnier, venait de passer à la postérité, tout simplement parce qu'elle se prénommait Louise !
Voilà comment l'opulente villa que possédait, au début du xxe siècle, Émile Villeneuve-Butel, un négociant domicilié rue de Turenne, à Bordeaux, changea trois fois d'adresse en l'espace de quelques mois seulement ! Siège, durant les Années folles, d'une pension de famille d'un certain standing que tenait la famille Mauroy, également propriétaire de l'hôtel de Hollande, à Cannes, la demeure fut réquisitionnée, durant la seconde guerre mondiale, pour devenir un poste de transmission du commandement allemand. En témoigne encore, à proximité de la grille d'entrée, un imposant blockhaus en béton armé que ne parvient pas à faire totalement oublier le lierre qui le recouvre.
Implantée au fond d'une vaste parcelle de terrain plat et humide recouvert d'un précieux tapis de verdure, la villa Castel Joli fait partie de ces quelques lieux de villégiature qui ne peuvent se résigner à adopter les modes et les codes de l'architecture balnéaire. Posée sur un soubassement aveugle du côté de l'entrée, elle épouse les canons de l'architecture classique de la fin du xixe siècle, comme le montrent ses façades de belles pierres de taille blondes régulièrement percées, ou son opulente toiture à combles brisés couverte d'ardoises. Conçue sur un plan ramassé en double profondeur, elle constitue un exemple caractéristique d'un modèle que l'on peut facilement transposer, aussi bien en ville, pour en faire un hôtel particulier, qu'à la campagne, comme maison de maître. Seul le petit kiosque métallique, aménagé à l'une des extrémités de la grille longeant l'avenue Louise, évoque la vocation balnéaire de cette demeure austère mais non dénuée de caractère.
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