Villa Hippocrate
Pontaillac n°1
- ZPPAUP
Posée sur sa dune comme un diamant sur un diadème, celle dont le nom laisse supposer qu'elle fut le caprice d'un médecin, jouit d'un emplacement qui semble aujourd'hui légitime en fonction de son architecture. Pourtant, il a bien failli ne pas en être ainsi. Au début des années 1880, le terrain qu'occupent Hippocrate et sa plus proche voisine a fait l'objet d'âpres convoitises qui auraient pu changer radicalement la physionomie du quartier, si elles avaient abouti. En effet, c'est là, dans la perspective de l'avenue des Montagnes Russes (aujourd'hui rue du Chanoine Raud) qu'Athanase Lacaze projeta, tour à tour, d'aménager une place en arc de cercle, puis d'édifier la chapelle rêvée par son père et qui donnera naissance à Notre-Dame-des-Anges. Les avant-projets dus à l'architecte Eustase Rullier montrent qu'on avait vu grand, puisqu'on envisageait d'élever à cet endroit un opulent édifice néo-gothique formant croix latine, doté d'un clocher à flèche et en pierres de taille.
Comme souvent en pareil cas, la réalité des budgets disponibles a eu raison des séduisants avant-projets de l'architecte. À cette raison se sont ajoutées les petites mesquineries qui font, depuis des lustres, le piment traditionnel de la vie locale. En effet, le terrain tant convoité pour cette future chapelle qui devait être digne de la ville nouvelle qu'entendaient fonder les Lacaze père et fils, appartenait depuis peu à un certain Auguste Rateau. Entrepreneur de travaux publics très influent à Royan, et surtout protestant, ce dernier refusa obstinément de rétrocéder ses quelques ares de sable pour y fonder un lieu de culte catholique !
Mise en valeur par sa situation en haut d'une dune et conçue selon un schéma simple, la villa Hippocrate, se veut une synthèse de plusieurs courants architecturaux. D'emblée, sa tour porche carrée lui vaut l'honneur d'être classée parmi les castels. Cette partie, qui vient ennoblir l'édifice, est construite en pierres de taille et affiche quelques éléments décoratifs académiques, comme les colonnes à chapiteau du rez-de-chaussée. Jouant sur les contrastes, le corps de logis est édifié en moellons équarris et couvert de tuiles canal, ce qui sied plus à une villa de type régionaliste qu'à un édifice qui se veut castel. Autre témoin de ces amalgames stylistiques et typologiques, la brique rouge vient mettre en valeur avec élégance et finesse un étage de combles inattendu, ainsi que les arcs de décharge* des principales baies, selon un usage fréquent dans les premières années du xxe siècle.
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