Villa la Malmaison
Pontaillac n°1
- ZPPAUP
Dos tourné aux rayons du soleil, celle qui a été longtemps habitée par Paul-Jean-Marie-Marcel Robaglia (1859-1939), un polytechnicien devenu directeur des chemins de fer de ceinture de Paris, reprend à son compte le nom de la maison de campagne que possédait Joséphine de Beauharnais aux portes de Paris. Les anciens annuaires apprennent qu'elle ne fut pas la seule à usurper une identité prestigieuse. À l'époque où elle fut élevée, le quartier traditionnellement légitimiste de Pontaillac comptait une villa nommée Bagatelle et une autre Trianon. Cette dernière avait été rebâtie pour Georges Stirbey, un prince d'origine roumaine.
Le fait de s'approprier un nom prestigieux ne suffisant sans doute pas à affirmer sa singularité, la villa La Malmaison possède une autre particularité. Elle affiche de façon franche sur sa façade principale son année de naissance : 1905. Là encore, La Malmaison n'hésite pas à montrer ses différences, car à Royan il y va d'une villa comme d'une personne bien née : elle ne doit pas accepter de révéler son âge ! Mais le fait que La Malmaison déroge à cette habitude locale aide à décrypter à travers sa façade ce que des archives ne révèlent pas forcément. Plus que l'histoire des formes, c'est l'histoire des mentalités que cette date inattendue permet d'éclairer.
Pour apprécier la villa à sa juste valeur, il faut d'abord faire abstraction de toutes les parties qui lui ont été adjointes au fur et à mesure du temps et des besoins, quand elle a été agrandie par phases, la dernière remontant à une dizaine d'années. Implanté à l'angle des avenues de Paris et de Limoges, le noyau initial est repérable grâce à ses chaînes d'angle en briques rouges, formant pilastres*. D'un modèle assez peu répandu à Royan, elles révèlent que La Malmaison de Pontaillac formait, à l'origine, une villa de taille moyenne, de type cottage. Copie conforme des chaînes d'angle de la villa voisine Germaine, élevée en 1902 selon des plans dressés par l'architecte parisien Adrien Hamelin, ces pilastres* montrent comment un élément de décor conçu par une personnalité extérieure à la station balnéaire a pu être repris et se développer avec plus ou moins de succès à l'échelon local. Ils sont devenus un sérieux indice de datation quand on sait qu'on les retrouve, par exemple, mis en œuvre à la villa Le Gui, dans le quartier du Parc, qui est précisément datée de 1903.
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