Villa Marguerite
Pontaillac n°1
- ZPPAUP
Parmi les villas de Pontaillac, Marguerite peut se prévaloir du privilège d'être l'une des mieux documentées du quartier, car elle est restée aux mains des descendants de son commanditaire jusqu'en 2010. C'est presque cent vingt ans plus tôt, à la fin de l'année 1891, que débutent les travaux de construction, à la demande d'un militaire de carrière, Henri Abadie, fils du célèbre architecte Paul II Abadie, qui s'était illustré en restaurant les cathédrales d'Angoulême et de Périgueux, ainsi qu'en construisant la célèbre basilique du Sacré-Cœur, au sommet de la butte Montmartre, à Paris.
Homme méticuleux qui a noté dans ses carnets les moindres détails de l'avancée du chantier, Henri Abadie s'est adressé à l'entrepreneur Joseph Ricoux, pour élever sa villa selon des plans fournis par l'architecte local le plus en vue à Pontaillac dans les dernières années du xixe siècle : Marc Roberti. Les fins connaisseurs de l'œuvre de ce praticien distingué auront vite repéré que les élévations de Marguerite sont loin de décliner ses motifs décoratifs de prédilection. La raison en est simple : Henri Abadie lui a sans aucun doute demandé de s'inspirer de la villa Pâquerette, que venait de faire bâtir au début de l'avenue de Paris, son ami, l'architecte parisien Édouard Loviot, grand prix de Rome.
C'est ainsi que d'une histoire d'amitié est née une villa plus singulière qu'on ne l'imagine et qui ne doit son appellation de chalet qu'à la présence envahissante du bois. Posée sur un improbable soubassement donnant l'impression d'une fausse ruine qui tient par miracle, Marguerite développe trois niveaux et quatre façades différentes, cachant leur rôle de structure porteuse derrière des effets de décrochements et de polychromie privilégiant le pittoresque. Pour cette raison, à l'intérieur de la villa, tout n'était que cloisons organisées à partir d'une cage d'escalier en pitchpin. De cette manière, Marc Roberti avait créé une structure qui allait connaître un vif succès par la suite : un plan libre avant la lettre. Chacune des pièces pouvait être modifiée selon les envies ou les besoins. Cette originalité constituait sans aucun doute l'un des intérêts majeurs de cette villa où l'art du paraître se perd - grâce à la complicité d'habiles menuisiers - en une foule de détails, à l'instar des jardinières ou des deux cabinets de toilette posés dès l'origine en surplomb des murs de façade.
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