Villa Cordouan

Pontaillac n°2

***
Architecte(s) : Inconnu.
Adresse : 3 boulevard de la Côte d'Argent Date de construction : vers 1870 Entrepreneur : Inconnu Protections :
  • ZPPAUP

D'après Athanase Lacaze, celle qui s'approprie sans complexe le nom du roi des phares de France, et qui semble l'annexer pour en jouir visuellement, doit son existence à un homme politique et écrivain nommé Pierre Pradié (1816-1892). Natif de l'Aveyron, ce fils de notaire, élu député pour la première fois au lendemain de la Révolution de 1848, fut l'un des pères de la constitution qui donna naissance à la IIIe République, juste avant de changer de camp et de rejoindre le clan des monarchistes. C'est lui qui réussit à faire fléchir le fondateur de Pontaillac, Jean Lacaze, en le convainquant de reculer la voie qu'il projetait de tracer le long de la falaise, à l'emplacement de l'ancien sentier des douaniers, pour aménager trois terrains à bâtir, situés à un endroit exceptionnel.

C'est sur celui du milieu que Pierre Pradié choisit de faire élever, dans la perspective d'une courbe d'un ancien chemin rural devenu le boulevard de Cordouan, une sorte de Petit Trianon des falaises, face au fameux phare que l'on nomme volontiers le Versailles des mers. Aujourd'hui précédée par des garages incongrus qui ont été accolés à la villa au début des Trente glorieuses, lorsqu'elle a été transformée en copropriété par les architectes associés René Baraton, Jean Bauhain et Marc Hébrard, pour la famille de Castelbajac, il faut imaginer l'élévation antérieure de Cordouan très colorée. En effet, elle était constituée, à l'origine, d'un jeu de briques et de pierres qui ont été badigeonnées en blanc par la suite.

En scrutant les détails des façades, l'œil averti pourra repérer quelques anachronismes qui laissent supposer que la villa a conquis son aspect actuel à la faveur de deux campagnes de construction. La lecture des plans vient étayer cette hypothèse. Elle permet d'affirmer que la façade postérieure, rythmée par une série de fausses loggias*, a été accolée au corps de bâtiment initial. D'ailleurs, il est fort probable qu'elle soit le résultat d'une campagne de remaniements postérieure à la mort de Pierre Pradié. C'est en effet à cette époque qu'un journal local dénonce les travaux dénaturant le Petit Trianon briques et pierres de Pontaillac, qui venait de changer de manteau, en changeant de propriétaire. La morale de cette histoire que n'aurait pu renier Pierre Pradié, c'est que l'architecture balnéaire, comme la politique qu'il a tant pratiquée, n'est pas à une trahison près pour continuer à occuper le devant de la scène !

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