Le Golf
Pontaillac n°2
- ZPPAUP
Qui peut croire aujourd'hui que l'ensemble monumental qui se dresse sur la falaise sud-est de Pontaillac, au débouché de l'avenue de Cordouan, masque, sous son imposante carapace d'ancien palace, une villa, et non des moindres ? De fait, le noyau initial - un quadrilatère flanqué de quatre tours cylindriques - constituait bien, à l'origine, une villa-château. Entreprise au mois de mars 1856, elle fut le premier lieu de villégiature de ce qui allait devenir l'un des quartiers les plus huppés de la ville de Royan ; celui de Jean Lacaze (1800-1872), fondateur du lotissement de Pontaillac. Comme le montrent d'anciennes gravures, sa « gentilhommière des bords de mer » comprenait trois niveaux, aujourd'hui difficiles à repérer : un soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage.
Réalisation de l'entrepreneur royannais Fidèle Bouyard, elle a été par la suite passablement remaniée, en particulier lorsqu'elle fut transformée en hôtel, au début des années 1870. Devenue hôtel de l'Europe et du Golf, elle fut exhaussée d'un étage, ce qui entraîna la suppression des poivrières* qui couronnaient les tours. Également surhaussées, ces dernières furent dotées d'un parapet crénelé d'opérette, avant d'être pourvues des dômes actuels, couverts d'ardoises taillées en écailles.
Mais aujourd'hui Le Golf porte surtout la marque d'une autre page de son histoire, quand l'ancienne demeure de Jean Lacaze a rompu définitivement avec son passé pour devenir le palace de Pontaillac. C'est entre 1927 et 1930 que l'édifice étend son emprise, quand il est radicalement transformé sous la houlette de l'entrepreneur local Maurice Senusson. La culture de cet homme issu d'une ancienne dynastie de tailleurs de pierre, s'y lit encore, en particulier sur l'ancienne salle à manger de l'établissement, un corps de bâtiment bas doté d'une terrasse masquée par un rang de balustres, accolé à l'un des côtés de l'ancienne villa château des Lacaze. Cher à Maurice Senusson, le balustre rond se retrouve sur les balcons qui rythment les élévations du corps de bâtiment qu'il greffe à l'édifice initial. Fidèle à ses habitudes, Maurice Senusson déploie çà et là quelques touches Art déco et réalise des linteaux à partir des fameuses briques bleues qui ont fait sa réputation. Mais comme aux villas Cordouan et Les Roches, l'ancien hôtel du Golf, devenu résidence, n'a pas échappé au badigeon blanc ayant aseptisé nombre de façades colorées, à l'aube des Trente glorieuses. Espérons que celles du Golf, puissent retrouver, le jour venu, leur polychromie d'origine.
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