Villa Étoile
Pontaillac n°2
- ZPPAUP
Qui, encore de nos jours, oserait croire que la façade assez débonnaire de la villa Étoile a servi d'honorable paravent à l'une des plumes les plus acerbes de Royan ? Sûrement élevée, comme ses plus proches voisines, dans les toutes premières années du XXe siècle, Étoile fut la demeure d'une figure locale, P.-L. Imbert, journaliste, poète et écrivain aux opinions tranchées, fondateur en 1909 du Réveil de Royan , un périodique local paraissant le dimanche et que d'aucuns soupçonnaient d'être l'outil de propagande officieux de l'architecte Auguste Rateau, maire de Royan de 1908 à 1912. Grand ami du peintre Louis Tauzin (1842-1915), Imbert assuma parfaitement le rôle de polémiste qu'il s'était lui-même attribué, trouvant l'inspiration de ses coups de griffe dans le calme feutré de sa villa de la conche du Pigeonnier. Provocateur né, il n'hésitait pas à se moquer ouvertement dans ses colonnes de certains de ses confrères, qui avaient annoncé sa mort, en 1906, en Auvergne, des suites d'un accident de montagne, ou à publier les passages d'une lettre anonyme le traitant de « sinistre bandit », de « Basile variqueux et scrofuleux » et qui lui conseillait « de laver ses cheveux » et de cesser « sa prose de bidet », celle d'un « apache grotesque et ridicule, qu'on dérobe à la vue des femmes enceintes » !
C'est peut-être pour faire oublier les polémiques et autres écarts de langage qu'il pouvait susciter que P.-L. Imbert a choisi d'habiter à l'année une villa dont les proportions sont certes dignes d'un notable local, mais dont le parti décoratif reste plutôt discret pour ne pas dire muet. Même la tour qui affirme la suprématie d'Étoile sur toutes ses voisines de la plage du Pigeonnier, ne s'inscrit pas dans la mise en scène de l'édifice, puisqu'elle a été rejetée contre la façade arrière.
Le promeneur qui déambule le long de la corniche n'a droit qu'à une façade principale composée de deux pignons côte à côte, mais qui ne sont pas sur le même plan. D'inégale largeur, ils sont mis en valeur par quelques débordements de toitures qui appelaient peut-être un décor de lambrequins, seule fantaisie qu'aurait pu s'accorder la villa. Les encadrements de baies et de certains angles sont soulignés par une alternance de briques et de pierres de taille, et paraissent d'une affligeante banalité, bien qu'ils ne soient pas exempts d'une petite coquetterie ici ou là. Même le dessin des garde-corps de la terrasse et des balcons est marqué par une grande retenue que ne parvient pas à faire oublier une ou deux formes un peu plus originales, comme celle du linteau de la porte d'entrée.
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