Écuries de Marquisette
Pontaillac n°2
- ZPPAUP
Au fond de l'impasse qui évoque par son nom le souvenir d'une villa défunte, se dresse un étonnant corps de bâtiment assez méconnu. Longtemps resté à l'état de ruines ingrates, il vient de retrouver une partie de son lustre d'antan, à la faveur d'une campagne de restauration et de réaménagement dirigée avec tact par l'architecte Iléana Popéa. Elle a su lui redonner une autre jeunesse à travers une nouvelle destination, sans trahir toutefois l'esprit des lieux.
Comme le suggèrent deux remarquables effigies équestres, incrustées dans la partie supérieure de la façade, l'édifice abritait autrefois des écuries qui furent transformées par la suite - évolution oblige - en garage automobile. Simple corps de bâtiment rectangulaire qui doit son caractère à quelques encadrements de briques et de pierres, mais surtout à ses imposants débordements de toiture, les écuries de Marquisette prenaient, comme le font souvent les bâtiments de dépendances, le contre-pied architectural de la villa qu'elles accompagnaient.
Détruite dans les années 1970 pour faire place à une résidence d'un certain standing, Marquisette, qui avait abrité jusqu'en 1962 les bureaux de l'antenne royannaise du ministère de la Reconstruction et de l'urbanisme (M.R.U.), avait été élevée entre 1911 et 1913. Son premier propriétaire, le journaliste parisien Léon Charbonnel (voir p.146), spécialiste des questions financières, avait fait appel à un architecte qui venait de s'établir à son compte à Paris : Paul Quatravaux (1848-1947), également auteur de la villa voisine Le Lys Rouge. Conçue à partir d'un plan presque carré, Marquisette (illustrations ci-contre en bas) offrait des élévations très soignées. Réalisées en pierres de taille des carrières de Saint-Même et de Vilhonneur (Charente), elles pouvaient être considérées comme un véritable manifeste du style néo Louis XVI, en vogue avant la première guerre mondiale, dans certains milieux bourgeois conservateurs. Pour s'adapter aux modes de vie balnéaire, Paul Quatravaux avait choisi de coiffer la villa d'une fausse toiture à l'italienne, ce qui lui avait permis d'aménager, comme au Le Lys Rouge, une terrasse utile sur le toit. Accessible depuis une grande chambre panoramique équipée d'une série de serliennes* qui éclairaient une impressionnante bibliothèque au centre de laquelle trônait un billard, elle était l'élément de modernité par excellence, au milieu de références d'un académisme bon teint, tranchant ainsi avec les libertés que s'accordent la plupart des autres lieux de villégiature.
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