Villa Castel Mon Rêve

Parc n°1

***
Architecte(s) : Eugène Gervais.
Adresse : 36 boulevard Garnier Date de construction : 1886-1887 Entrepreneur : Inconnu Protections :
  • ZPPAUP

Qualifiée, dès qu'elle est sortie de terre, de « construction quasi princière » par la presse, celle qui a fait rêver toute une génération de Royannais, quand ses contrevents semblaient clos pour l'éternité, est l'une des doyennes du Parc et du boulevard Frédéric Garnier. En effet, ses plans ont été dessinés dès la création du lotissement, à la fin de 1885, et le chantier de construction a débuté en avril 1886. Son commanditaire, un riche Bordelais nommé Georges Malboz, que d'aucuns considéraient comme l'un des meilleurs fusils du Sud-Ouest, avait fait appel à l'un de ses jeunes concitoyens, Eugène Gervais, architecte du département de la Gironde, lequel signait là une de ses premières œuvres d'envergure.
Villa qui, par de nombreux détails pittoresques empruntés à l'architecturale castrale, revendique le statut de castel, Mon Rêve joue la gentilhommière d'un hobereau égaré à l'orée d'une forêt de pins, en bordure d'une longue langue de sable fin. Tel le metteur en scène, l'architecte a choisi de l'implanter, en dépit des règlements, en retrait par rapport à ses voisines qui sont aussi ses cadettes, sur un terrain à l'origine beaucoup plus vaste que les autres, puisqu'il constituait une parcelle traversante au bout de laquelle on avait établi des dépendances et une entrée de service, aujourd'hui disparues.
Véritable hymne au métissage des matériaux, qui conjuguent tradition et modernité, les attachantes élévations polychromes de l'ancienne villa de Georges Malboz sont conçues pour susciter les émotions et réveiller l'imaginaire. L'architecte s'est si bien acquitté de sa tâche qu'on oublie volontiers ce que d'aucuns pourraient encore considérer comme des incohérences impardonnables. Citons, par exemple, sur la façade du boulevard Frédéric Garnier, un bow-window d'inspiration anglo-saxonne qu'accompagne un pignon à gradins dont le dessin est emprunté à l'architecture flamande. Mais ces accrocs aux références de la typologie du castel n'étaient rien, en comparaison de l'incroyable édicule en bois qui surmontait, à l'origine, le toit-terrasse de la partie la plus élevée de cette villa digne du caprice d'une diva. À elle seule, elle annonce toutes les prétentions d'un quartier naissant !

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