Villa Les Courlis
Parc n°1
- ZPPAUP
La disparition, le 9 juillet 2001, de la villa Ker-Héol, gravement endommagée quelques semaines plus tôt par un incendie encore inexpliqué, a libéré Les Courlis d'une encombrante voisine. Construite d'après des plans dressés par Auguste Rateau (voir p.376), pour l'ancien préfet Paul Maitrot de Varenne (1852-1933), la concurrente contre laquelle Les Courlis ne pouvait pas lutter imposait au boulevard Frédéric Garnier une masse compacte parée d'un exceptionnel décor polychrome d'inspiration vénitienne.
Aujourd'hui la villa Les Courlis est redevenue la starlette qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, quand elle s'appelait Les Étoiles et que feue sa voisine n'était pas encore construite. Implantée sur une étroite parcelle en lanière, elle n'a pu développer aucune façade principale ostentatoire. Elle a dû se contenter de reprendre à son compte le schéma habituel des villas de type cottage sans excès, que ce soit en proportion ou dans le décor. À première vue, rien ou presque ne semble distinguer Les Courlis des autres cottages, que ce soient ses proportions générales ou le dessin d'éléments particuliers comme le bow-window ou les chambranles encadrant les baies. Mis en œuvre avec soin, l'appareillage de briques et de pierres de taille des angles ne fait preuve d'aucune originalité. Même le jeu d'opposition entre les différents balcons en bois et les balustres en terre cuite formant le garde-corps de la terrasse couronnant le bow-window, laisse une impression un peu fade.
Par conséquent, il faut aller chercher les traces d'originalité ailleurs. Plutôt discrètes, elles ne se révèlent pas au premier coup d'œil. En témoignent quelques détails précieux, comme le riche décor de la porte d'entrée, rejetée sur la façade postérieure, ou les étonnants motifs géométriques de briques animant, ici ou là, l'enduit des façades. Mais le détail le plus déroutant reste la délicate structure de bois qui semble délicatement posée sur la terrasse de la villa, alors qu'elle a su résister à toutes les tempêtes. Conçue comme un large brise-soleil, elle semble annoncer, à la manière d'une étrange prémonition, les structures en béton armé qui jonglent avec les ombres et les lumières sur les parties supérieures des façades de la Reconstruction. Ainsi, la terrasse des Courlis donne l'impression de se soumettre à l'influence brésilienne avant l'heure. Par ce détail inattendu, elle montre qu'il existe beaucoup plus de passerelles qu'on ne l'imagine entre l'architecture frivole de la Belle Époque et les formes plus rigides du monde royannais des années 1950.
Détails
Cliquer sur une image pour l'agrandir
Retour