Villa Le Rêve
Parc n°1
- ZPPAUP
S i elle ne fait pas partie des imposantes demeures du boulevard Frédéric Garnier, la villa Le Rêve occupe cependant une place de choix parmi celles qui ont eu le privilège de voir passer des personnalités de renom. D'ailleurs, c'est à l'occasion du séjour qu'effectua entre ses murs l'un des hôtes les plus célèbres de la station balnéaire qu'elle a pris le nom romantique qui est le sien. À l'origine, elle s'appelait Chalet Albert. C'est là, du 26 août au 4 octobre 1888, qu'Emile Zola effectua son troisième et dernier séjour à Royan, un lieu de villégiature en plein essor , où l'avait attiré, en 1886, son éditeur, Georges Charpentier, propriétaire de la villa Le Paradou. Très médiatisés, les séjours du célèbre romancier à Royan en firent très tôt une égérie locale, à tel point qu'on décida en 1906 de donner son nom à une avenue du Parc. Le journaliste Arthur Blanchard en profite pour révéler l'envers du décor des venues d'Emile Zola. Il raconte comment « le spirituel et génial auteur de Pot Bouille a exécuté une farce qui, à elle seule, suffit à expliquer la cultuelle zolaïque » qu'on lui voue à Royan. Après un dîner bien arrosé, le grand homme aurait eu « une idée à imbiber son haut-de-chausse », proposant à « tous les convives de se barbouiller avec de la suie et d'aller en groupe hurlant, se contorsionnant, et dansant une bamboula guerrière, éveiller le personnel du Grand hôtel », situé à côté du CChalet Albert.
Signe d'une pression foncière qui s'est exercée très tôt, l'ancien lieu de villégiature qu'occupa Emile Zola est bâti en mitoyenneté, contrairement aux prescriptions du règlement d'urbanisme édicté en 1885 pour faciliter la gestion du lotissement du Parc. De nos jours, la villa n'est plus celle que connut le célèbre écrivain. En effet, le journal La Gazette des Bains de Mer apprend qu'elle a été transformée de fond en comble, en 1893, à la demande de son propriétaire, M. Barreau, habitant Beillant, près de Saintes.
C'est à la faveur de cette campagne de travaux que la villa semble avoir pris la forme que nous lui connaissons : celle d'une façade généreusement percée, d'une conception assez déroutante. Constituée d'une succession de porte-à-faux se développant sur trois niveaux, sa structure s'inspire librement de celle des maisons urbaines médiévales. Une telle logique aurait voulu qu'elle soit couronnée par un imposant pignon, plutôt que par un toit terrasse reposant sur une corniche, également en porte-à-faux, que masque un pittoresque parapet orné d'une série de rosaces en céramique colorée. Ce charmant détail vient faire oublier ceux qui ont pu disparaître postérieurement, victimes involontaires de l'évolution de la notion de confort et d'une conscience patrimoniale encore trop restreinte.
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