Villa Les Campaniles
Parc n°1
- ZPPAUP
Comme une star, la grande dame drapée de pierres blondes qu'est la villa Les Campaniles se plaît à bousculer les codes traditionnels de l'architecture et ceux du monde balnéaire, tant par ses proportions inhabituelles, que par son style rococo ou son organisation générale. Les pages qui lui ont été consacrées dans un recueil intitulé Villas et cottages du bord de l'océan apprennent qu'elle fut le lieu de villégiature de Louis Lehmann. Fils de Léon, un « self-made-man » qui avait fait fortune en fondant des chaînes de grands magasins, Louis Lehmann hérite, à la mort de son père survenue en 1909, des Nouvelles Galeries de Cognac, tandis que son frère Gaston, propriétaire de la villa Espérance, devient le directeur de la Maison Universelle de Saintes, et que son frère Louis, qui possède la villa Aigue Marine, est nommé administrateur du Grand Bazar et Nouvelles Galeries de Royan.
Largement inspirée par la façade écran du second casino de Foncillon, bâti entre 1882 et 1885, selon des plans dus à l'architecte bordelais Bertrand Alfred Duprat, la villa Les Campaniles doit son nom à la partie haute des deux tours à pans coupés qui l'encadrent. Traitées dans leur partie supérieure comme un belvédère* chapeauté par un dôme couvert d'ardoises taillées en écailles que surmonte un petit chef-d'œuvre de ferblantier, ces dernières apportent une note pittoresque à une élévation où le style rococo se conjugue avec des éléments classiques. Comme par magie, elles font oublier tout ce qui est issu d'une culture beaucoup plus académique, à l'instar du large perron en fer à cheval qui masque le niveau de soubassement, les quatre colonnes à chapiteau ionique de la terrasse couverte aménagée au rez-de-chaussée, ou encore le dessin des balustres qui forment garde-corps à tous les étages.
Mais l'élément le plus inattendu masqué par cette façade hors normes, que les deux bâtiments des années 1950 l'encadrant rendent encore plus singulière, c'est un plan beaucoup plus irrégulier qu'on ne pourrait l'imaginer. Conditionné par une parcelle de terrain en lanière, il se développe en quadruple profondeur. Ce parti a entraîné l'aménagement de la cage d'escalier en retrait et le percement de la porte d'entrée sur l'un des côtés de la villa. Ouverte contre toute attente au niveau du soubassement réservé aux pièces de service, elle sauve les apparences grâce à la spectaculaire marquise en fer et en verre qui la protège. Élément réalisé sur mesures, cette marquise est aujourd'hui d'une qualité sans équivalent à Royan et sur la Côte de Beauté, où l'on en dénombrait d'autres, encore plus spectaculaires, avant les bombardements de 1945.
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