Villa Guyvonney
Parc n°1
- ZPPAUP
M i-villa, mi-maison bourgeoise, Guyvonney revendique un caractère architectural particulier qui ne craint pas les paradoxes, laissant ainsi supposer qu'elle fut l'œuvre d'une personnalité hors du commun. De fait, cette demeure était, avant la première guerre mondiale, le lieu de villégiature d'Eugène Polakowski (1841-1913), cofondateur avec Adolphe Simon de la première tuilerie mécanique de Roumazières-Loubert, en Charente. Il venait régulièrement y passer ses étés, en compagnie de sa fille Jane, héritière de l'entreprise, et de son gendre, Édouard Pascaud (1876-1956), qui fut député de la Charente entre 1928 et 1941. Fils d'un officier de l'armée polonaise émigré en France, Eugène Polakowski était ingénieur des chemins de fer, en charge des travaux de construction de la ligne Angoulême-Limoges, lorsqu'il découvrit, en 1875, le potentiel du gisement d'argile de Roumazières. C'est alors qu'il choisit de démissionner de ses fonctions, tournant le dos à un avenir tout tracé, pour créer l'usine qui allait lui assurer sa fortune et dont il deviendra le seul gestionnaire à partir de 1889, à l'époque où Guyvonney voit probablement le jour.
Posée sur une terrasse, la villa surprend par son volume et ses proportions générales dignes d'une honnête maison de notable provincial, mais non d'une villa de bord de mer de la fin du XIXe siècle. Ses travées*, orchestrées à partir d'un faux avant-corps central couronné par un fronton triangulaire entrecoupé d'une lucarne, et sa toiture à combles brisés couverts d'ardoises, s'inspirent sans détour de l'architecture classique, ce que ne renie en rien le vigoureux décor sculpté d'inspiration académique venant agrémenter les parties hautes de l'édifice.
Seules les couleurs vives d'une surenchère de matériaux plus inattendus les uns que les autres contrarient une composition trop parfaite pour un lieu de villégiature qui doit braver chaque hiver les vents violents venus du large. Ainsi, balustres ronds en terre cuite du perron, briquettes rouges qui rayent la façade principale, bandeau en céramique où semblent voler d'improbables mouettes sur fond bleu, boutons et pointes de diamants intercalés entre les modillons de la corniche forment non pas un assemblage hétéroclite, mais un véritable catalogue de matériaux décoratifs industrialisés. Le fait qu'ils parviennent à s'adapter à une façade d'inspiration classique n'était-il pas la meilleure publicité que pouvait offrir à leurs entreprises respectives Eugène Polakowski et l'entrepreneur architecte Henry Boulan (voir p.368), qui réalisa la villa Guyvonney?
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