Villa Gabrielle
Parc n°1
- ZPPAUP
Encore plus imposante vue depuis sa façade postérieure, la villa Gabrielle symbolise l'insolente réussite de la plus grande dynastie d'industriels du papier d'Angoulême, les Lacroix. C'est au plus brillant de ses représentants, Léonide (1832-1906), que l'on doit vers 1890 la construction de ce lieu de villégiature, devenu la résidence Hermès depuis son découpage en appartements. Personnage ouvert sur l'évolution des mœurs, puisqu'il épousa en 1863 « la plus belle et la plus intelligente de ses jeunes ouvrières », Léonide Lacroix a su s'éloigner des traditions familiales, en tournant la page de la société Lacroix frères et Laroche, fondée en 1833 par son père et ses oncles. Il a innové en se lançant dans la fabrication de papier à cigarettes. Propriétaire d'usines qui employaient plus de 600 personnes et maire de la commune de Mazères-sur-Salat de 1886 jusqu'à sa mort, il aimait venir en villégiature à Royan, où il possédait un bateau de plaisance surnommé Cigarette.
Vaste cottage briques et pierres, la villa Gabrielle a perdu une partie de son intérêt depuis que sa façade principale a été dotée d'inesthétiques balcons en béton et que les proportions de ses baies ont été modifiées. Ces transformations regrettables, qu'on arrivera peut-être à corriger, font oublier la qualité d'une série d'éléments encore en place, autant de témoins d'une époque où l'éclectisme cher au XIXe siècle était éclatant.
Pour s'en convaincre, il suffit d'observer le côté où est aménagée la porte d'entrée de la villa, mieux conservé que la façade antérieure. L'œil inquisiteur sera comblé, en découvrant pêle-mêle quelques baies à larmier dont la forme en accolade montre une inspiration de l'art flamboyant, une élégante marquise en fer forgé qui semble sortie tout droit d'un catalogue de vente par correspondance, une remarquable frise en céramiques de style Art nouveau qui se love sous les débords de toiture, ou encore les amortissements quelque peu naïfs venant ponctuer la lucarne et les cheminées, à la manière d'une tour de château fort miniature. À cette liste sans aucun doute incomplète, il convient d'ajouter le blason « parlant » couronnant la lucarne, où une croix pattée fait directement allusion au premier propriétaire des lieux qui avait fait bâtir une autre de ses villas, Les Mouettes, sur un plan en forme de croix !
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