Villa L'Anjou
Parc n°1
- ZPPAUP
Édifiée à un endroit du boulevard Frédéric Garnier où les villas ont fait l'objet d'importantes mutations dès les années 1930, celle qui est incontestablement l'une des plus réussies de l'entre-deux-guerres semble avoir succédé à la pittoresque villa Ibéria. Elle était une sorte de facétie architecturale de la fin du XIXe siècle, où une multitude de détails d'opérette, comme l'étonnante tourelle lancée au-dessus de la porte d'entrée ou le lourd pignon à gradins de la façade principale, essayaient de faire oublier les contraintes d'une parcelle trop exiguë pour satisfaire l'ego de son propriétaire. Aussi curieuse fut-elle, Ibéria n'a pas résisté au phénomène des modes, qui hante tout particulièrement les villes d'eaux.
Véritable manifeste de la modernité raisonnée des années 1930, L'Anjou a fait le choix d'abandonner le principe de la polychromie criarde des façades et des volumes tarabiscotés de l'architecture en caleçon de bain de la Belle Époque. Faisant table rase d'un passé qui n'était pas encore assumé, elle s'est plu à affirmer des lignes courbes épurées que viennent mettre en valeur des structures en béton, enrobées d'un enduit blanc. Ce qui peut aujourd'hui s'interpréter comme une éclatante expression d'une modernité pure n'est en réalité qu'une réécriture architecturale. En effet, la façade ondulante de la villa L'Anjou se lit aujourd'hui comme un jeu de détournement du bow-window, qu'elle multiplie, accole et superpose, afin de constituer des volumes inédits, via des matériaux nouveaux. C'est à ce prix qu'elle acquiert une modernité qui ne saurait lui être contestée.
L'effet est d'autant plus réussi que la demeure gagne en monumentalité grâce à la façade écran ainsi créée, où la démagogie des formes laisse supposer, à celui qui la regarde de près, qu'elle adopte le toit-terrasse. En réalité, L'Anjou peut se résumer à un jeu de combinaisons où angles droits, carrés et rectangles viennent se fondre dans un savant ballet, où les formes courbes parviennent à prendre l'ascendant. Ce parti, d'une originalité certaine, n'est d'ailleurs pas contredit par le dessin de la clôture et encore moins par l'étonnante salle à manger d'été en dur, disparue en 2012. Aménagée sur la terrasse, elle préfigurait certaines réalisations royannaises des années 1950. Pour toutes ces raisons, on aimerait en savoir davantage sur l'auteur de cette attachante demeure, probablement à inscrire parmi les innombrables œuvres de la ville attribuables à « l'aristocratie du bouchon », comme le suggère la plaque indiquant le nom de l'atelier Ross, de Bordeaux.
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