Villa Barbicaja
Parc n°1
- ZPPAUP
V illa anonyme, Barbicaja, se plaît à ne dévoiler aucun indice de son passé. La presse locale est muette sur ses anciens propriétaires dont on imagine, au regard des proportions de la demeure, qu'ils appartenaient à la caste des notables provinciaux fiers de pouvoir venir parader le long du boulevard Frédéric Garnier, l'été venu. De même, aucune pierre n'accepte de livrer un quelconque nom d'architecte ou d'entrepreneur. Ces éventuelles signatures ont peut-être disparu quand un badigeon blanc est venu recouvrir une partie de la façade principale de Barbicaja.
Pour en savoir plus, il faut scruter, décrypter chaque détail de la villa, en un mot passer l'édifice à la question de l'enquêteur du temps qu'est l'historien de l'art. Conçue à partir d'un plan rectangulaire des plus simples, Barbicaja est l'exemple type du chalet tardif, mâtiné de références régionalistes, comme le montrent ses façades latérales traitées en opus incertum, ou la faible pente de sa toiture à deux versants, couverte de tuiles traditionnelles. Pour lui donner l'élégance due à l'emplacement privilégié qu'elle occupe le long du boulevard Frédéric Garnier, la façade principale a été ennoblie par un péristyle à colonnes plaqué contre le soubassement et le rez-de-chaussée surélevé. Pour mieux affirmer ses références classiques, il porte un large balcon à balustres, totalement à contre-courant des canons de l'architecture balnéaire qui s'affirme cependant par quelques briques émaillées de bleu, glissées entre les claveaux des baies de la partie supérieure, ainsi que par les larges débords de la toiture.
Si la composition générale de cette façade est proche de celle que met en œuvre, en 1932-1933, Raoul Boulan (voir p.369) à la villa Musardise, elle rappelle encore plus celle qui donne tout son charme à la petite villa Vert-Luisant, édifiée sur la falaise nord-est de Pontaillac et signée par les entrepreneurs Adolphe Morisset et Otto-Louis Champion (voir p.375). À quelques détails près, Barbicaja et Vert-Luisantoffrent de nombreuses similitudes qui sont l'expression d'une étonnante synthèse entre le chalet régionaliste et un vocabulaire ornemental hérité des canons de l'architecture classique. L'attribution de ces deux villas à une même main semble par conséquent évidente. Il reste cependant quelques éléments troublants qui ne permettent pas d'écarter l'hypothèse d'une construction due à Henry et à Raoul Boulan, comme le dessin du cartouche qui porte le nom de la demeure, un détail qu'ils ont constamment utilisé dans les années 1920-1930.
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