Villa Montserrat
Parc n°2
- ZPPAUP
De prime abord, Montserrat est loin d'offrir l'originalité que l'on attend d'un lieu de villégiature. Attirant le regard grâce à une opulence qui prend le pas sur l'élégance, la villa joue la carte d'une certaine ambiguïté typologique puisqu'elle peut s'interpréter comme un édifice issu du modèle du cottage lorsqu'on la découvre depuis la rue du Docteur Charcot, alors qu'elle se lit plutôt comme un chalet en dur du côté de l'avenue Emile Zola.
Un rare millésime gravé sous l'appui d'une baie de la façade nord, apprend que Montserrat a été élevée en 1910. Une telle date est parfaitement conforme au traitement des maçonneries en opus incertum, un principe qui connaîtra un vif succès dans les villas dites régionalistes de l'entre-deux-guerres. Comme il est d'usage peu avant la guerre de 1914, l'utilisation de la brique rouge se fait avec parcimonie. Pour preuve, elle est utilisée en rangs uniques, comme de simples filets glissés entre quatre assises de pierre, autant dans les angles qu'en encadrement de baies. Il en résulte des effets de polychromie limités, laissant supposer soit une certaine avarice, au demeurant peu compatible avec l'esprit de l'architecture balnéaire, soit une certaine maladresse de la part du concepteur de la demeure, lequel n'aurait probablement pas su maîtriser le principe de mixité des matériaux en façade.
Pour corriger ces effets de lourdeur, pouvant être assimilés à quelque faute de goût, les premiers propriétaires de Montserrat se sont plu à multiplier les détails gadgets. En témoignent, par exemple, les deux élégants médaillons incrustés dans la partie supérieure de la façade donnant sur la rue du Docteur Charcot. Représentant deux portraits de profil affrontés (un homme et une femme), inspirés par les monnaies antiques remises au goût du jour à la Renaissance, ils illustrent la quête du détail pittoresque destiné à individualiser une construction. Mais les propriétaires de Montserrat ne se sont pas arrêtés là, puisqu'ils ont décidé de doter un petit fronton triangulaire de l'autre façade d'une modeste vierge en céramique colorée. Ainsi, la villa est parvenue à acquérir une touche d'originalité sur chacune de ses deux élévations principales. Complétée il y a quelques années par l'ajout de deux arcades et de terrasses, celle du nord a trouvé un nouvel équilibre, preuve que des bâtiments anciens peuvent évoluer de manière positive, en subissant des ajouts qui ne sont ni contraires à l'histoire ni incompatibles avec le style initial d'un édifice.
Détails
Cliquer sur une image pour l'agrandir
Retour