Villa Charles-Benoit
Parc n°2
- ZPPAUP
I l a fallu réunir deux parcelles, acquises en 1912 par Louis-Charles Benoît et son épouse, née Eugénie-Marguerite Pecheverty, pour donner une assiette de terrain digne à la villa que le couple comptait faire élever à la limite des lotissements de l'Oasis et du Parc. Louis-Charles Benoît était un jeune et brillant chirurgien qui venait d'être élu conseiller municipal de Royan. Ancien interne des hôpitaux de Paris, il avait commencé sa carrière comme assistant au sanatorium de Berck, avant d'être repéré par les édiles royannais qui lui confièrent la direction de la maison de santé Amiot, à Foncillon. Promis à un bel avenir, il s'éteignit brutalement, en février 1913, foudroyé par un malaise à l'âge de 34 ans seulement. C'est en hommage à son premier époux que Marie-Eugénie-Marguerite Pecheverty, remariée en 1924 avec Gustave-Théophile Huberdeau, artiste lyrique, baptisa sa demeure Charles-Benoît.
Chose plutôt rare, c'est sur le muret de clôture qu'il faut chercher la pierre précieuse révélant le nom de l'architecte et de l'entrepreneur, Edmond Laramy (voir p.375). Si ce dernier, tout juste installé à son compte, n'a laissé que très peu de signatures, il n'en est pas de même de l'architecte Georges Vaucheret (voir p.385). Natif de Lyon, cet ancien élève de l'École nationale des Beaux-Arts s'est fait d'abord un nom à Saint-Georges-de-Didonne, avant de conquérir une clientèle à Royan et dans la presqu'île d'Arvert. C'était le début d'une longue carrière que la seconde guerre mondiale n'est pas parvenue à arrêter. Bien que né en 1867, ce notable local, un temps maire de Royan, a continué à travailler jusque dans les années 1950, alors qu'il était octogénaire, acceptant volontiers de prêter main-forte à ses jeunes confrères, chargés de la reconstruction de la ville.
Avec la villa Charles-Benoît, Georges Vaucheret, adepte d'une certaine rigidité et d'angles vifs, se livre à un exercice plus ampoulé que d'habitude. Il vient donner un nouveau souffle à la typologie un peu désuète du chalet en dur, en créant une façade écran d'une ampleur surprenante, venant masquer un plan dissymétrique qui a entraîné l'aménagement de la porte d'entrée sur l'un des côtés de la demeure. Renonçant aux principes qui définissent son style, l'architecte a choisi de donner une touche d'originalité à la façade principale en y introduisant une rupture de pente de toit et en abandonnant le linteau droit métallique, au profit d'une large baie axiale ovale, sorte de timide clin d'œil à l'Art nouveau. Enfin, pour mieux affirmer le caractère particulier de cette villa, qui reste l'une des plus belles œuvres de Georges Vaucheret, la demeure a abandonné le traditionnel soubassement pour partir à la conquête du plain-pied, ce qui a entraîné la construction d'un corps de bâtiment annexe indépendant, où étaient aménagées les cuisines.
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