Villa Kosiki
Parc n°3
- ZPPAUP
Les légendes ont souvent la vie dure. Celle qui entoure la construction de Kosiki ne déroge pas à cette règle. De fait, il n'est pas rare de lire, encore aujourd'hui, que Kosiki serait un pavillon de l'exposition universelle de 1889, qui aurait été démonté et transporté de Paris à Royan, pour être remonté dans le parc à l'aube des années 1890. En réalité, la villa Kosiki fut projetée dès la création du lotissement du Parc, en 1885, et élevée en quelques mois seulement, puisque son premier propriétaire, Eugène Gervais, y résidait dès août 1886. Né en 1852, l'homme débutait une carrière d'architecte qui allait se révéler assez féconde. Installé à Bordeaux, où il occupait le poste d'architecte du département de la Gironde, Eugène Gervais avait été attiré à Royan par l'entremise de l'un de ses riches commanditaires, Georges Malboz, pour lequel il avait dressé dès 1885 les plans de la villa Mon Rêve.
Sans doute désireux de se constituer une sorte de carte de visite en trois dimensions, Eugène Gervais a joué l'originalité de l'orientalisme pour se faire remarquer, au moment même où l'un des plus grands collectionneurs d'estampes japonaises de l'époque, Théodore Duret, envisageait de faire élever la réplique d'une pagode dans le Parc. C'est peut-être une des raisons pour laquelle Eugène Gervais semble avoir mis un point d'honneur à cultiver l'art du détail, que ce soit dans le dessin et l'emboîtement des éléments de bois, ou dans celui des gargouilles, en forme de têtes de dragons se mettant à cracher de l'eau dès qu'il pleut. Mais c'est sans aucun doute à travers la qualité de la céramique qui annonce le nom de la villa que cet art atteint son paroxysme. Il suffit d'observer la finesse d'exécution des bambous ou le relief particulier que prend l'oiseau posé dans le O de Kosiki pour en être convaincu.
Sorte de fard architectural, tous ces éléments, plus charmants les uns que les autres, ont tendance à faire oublier la véritable modernité de cette villa, où Eugène Gervais n'a pas hésité à remettre en cause la tradition occidentale du mur porteur, en expérimentant, bon gré mal gré, le système de l'ossature. De toute évidence, il venait de toucher inconsciemment un concept qui était appelé à un grand avenir !
Détails
Cliquer sur une image pour l'agrandir
Retour