Villa Les Mouettes
Parc n°3
- ZPPAUP
Indissociable de sa plus proche voisine nommée Vierge aux Tourelles, celle qui s'est appelée un temps Juanita, avant de devenir Les Mouettes, appartenait en 1897 à Léonide Lacroix, un notable d'Angoulême qui avait fondé les papeteries du Nil. Passée plus tard aux mains de Jean-Maurice Veillon, la villa échoit en 1908 à Louis Girier, chef d'escadron, et à son épouse, née Marie-Gabrielle de Châlus, avant d'être vendue en 1952, par leurs trois filles, à Alexandre Rougier, un industriel domicilié dans les Deux-Sèvres.
Bien qu'elle ait été endommagée lors de la seconde guerre mondiale, quand elle a perdu le pignon à lambrequins de sa façade principale ou la plupart de ses verres colorés sertis de plomb, la villa Les Mouettes reste un intéressant témoignage de l'âge d'or de l'architecture balnéaire royannaise. Construite vers 1890, selon un projet que l'on peut vraisemblablement attribuer à l'architecte bordelais Eugène Gervais, propriétaire de la pagode voisine nommée Kosiki, l'ancienne villa Juanita décline un plan en forme de croix latine, qui est un clin d'œil évident au patronyme de son propriétaire. Si un tel parti reste atypique pour un lieu de villégiature de bord de mer, il permet néanmoins d'établir un jeu détournant des hiérarchies architecturales, comme il est souvent de mise à Royan.
D'une manière évidente, l'architecte s'est plu à rejeter tout ce qui pouvait être assimilé à une quelconque tradition à l'arrière de la villa. Ainsi, l'élévation postérieure - celle que l'on découvrait depuis l'entrée de service - décline un parti très conventionnel, puisqu'elle prend la forme passe-partout d'une façade enduite à encadrements de pierres de taille, que vient rythmer une travée* axiale terminée par une lucarne à fronton en arc segmentaire émergeant d'un toit à la Mansart, dont le brisis* est couvert d'ardoises. A contrario, la façade antérieure met en scène avec brio un jeu de matériaux industriels, qu'il s'agisse des tuiles mécaniques, des céramiques décoratives posées sous les débords de toitures, des deux marquises qui accompagnent la porte d'entrée et sa sœur jumelle, ou des colonnettes en fonte moulée de l'avant-corps central. À cela, il fallait ajouter le jeu des pierres et des briques - aujourd'hui enduites - qui venait renforcer l'aspect très coloré de cette façade, traitée comme un véritable hymne à la modernité.
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