Villa La Mousson
Parc n°3
- ZPPAUP
Tout l'orgueil d'une bourgeoisie décomplexée qui se plaît à afficher sans vergogne sa réussite sociale se lit à travers les élévations de la villa La Mousson. Comme une carte de visite qui ne cesse d'égrainer une litanie de titres dithyrambiques, elles se doivent d'en dire le plus long possible sur son propriétaire, René-Léon Gouverneur (1869-1940), et sa seconde femme, née Irma Schornstein. Entrepreneur de travaux publics établi à Paris, c'est peut-être lui qui a dessiné les plans de sa propre villa, largement inspirée de celle que le couple habitait à l'année, sur l'île Migneaux, à Poissy, dans la région parisienne.
Élevée sur une parcelle de terrain plutôt modeste, achetée au mois de septembre 1913, La Mousson illustre parfaitement la frénésie de bâtir qui a touché le lotissement du Parc depuis sa création, et que dénonce déjà en 1891 le maire de Royan, Frédéric Garnier, lorsqu'il évoque « la fièvre qui s'est emparée des propriétaires... découpant leurs terres en petits emplacements et cherchant à les vendre comme terrains à bâtir, non à l'are, mais au mètre carré ». Mais ici, tout a été imaginé pour faire oublier les mètres carrés de terrain manquants et la superficie du jardin qui devrait correspondre au standing de la villa.
Derrière une apparente complexité due à d'habiles jeux de toitures, La Mousson cache une distribution simple et rationnelle. Réservée aux espaces de service et de circulation, la partie que découvre en arrivant le visiteur est constituée de deux petits corps de bâtiment traités à la manière de deux appentis qui viennent s'adosser à une tour d'escalier dont l'effet de monumentalité est amplifié par une toiture à larges débords. Habilement mise en scène par une grille en fer et son portillon placés de biais, cette partie de la villa masque un corps d'habitation rectangulaire des plus simples, qui renferme seulement trois pièces en enfilade au rez-de-chaussée. Ainsi l'illusion fonctionne à merveille à La Mousson, si bien qu'une fois le seuil d'entrée franchi, le visiteur se trouve surpris de découvrir que celle qui annonce d'honorables proportions, des matériaux de premier choix, ainsi qu'un décor d'influence Art déco précoce qui se manifeste sur la ferronnerie et la céramique, ne tient pas la promesse des superficies qu'elle prétend dérouler à ses pieds, à la manière d'un vieux briscard de la politique rôdé aux exercices de séduction et qui ne dévoile ses véritables intentions qu'une fois le verdict des urnes passé !
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