Villa Sola Mia
Parc n°3
- ZPPAUP
Derrière une façade principale aussi particulière que celle de Sola-Mia ne peut se cacher qu'un personnage singulier. Œuvre des frères Maurice et Robert Senusson, comme le rappelle une précieuse signature gravée à proximité de la porte d'entrée, Sola-Mia a été élevée vers 1925 pour Eugène Lacambra. Natif de Tarbes, mais établi à Pau, l'homme exerçait le métier de chimiste. C'est à ce titre que la presse locale signale en 1910 qu'il vient de mettre au point une poudre explosive « d'une force balistique supérieure » à celles communément utilisées et qu'il se propose de fabriquer pour le compte des armées françaises. Fidèle aux plages de Royan, où il revenait chaque année en villégiature à la villa Darling, avant de faire bâtir Sola-Mia, Eugène Lacambra s'est intéressé de près au développement de sa station balnéaire préférée. C'est dans ce cadre qu'en 1911, il tentait de créer un Skating Palace derrière le Grand Hôtel du Parc. Quelques mois plus tard, il lançait le projet d'un guide touristique consacré à Royan. Cet ouvrage, accompagné d'un plan d'embellissement de la ville, a connu un certain succès dans l'entre-deux-guerres.
Entretenue avec un soin méticuleux qui fait honneur à ses occupants actuels, Sola-Mia annonce, non sans quelques hésitations, ce qui fera le succès de Maurice Senusson, en particulier l'emploi, comme un poncif, de la brique bleue. Précédée d'un émouvant bassin dans lequel se reflète une fontaine, la demeure d'Eugène Lacambra étonne non seulement par son parfait état de conservation, mais également par ses volumes difficilement compatibles avec le plan et les élévations d'une villa dérivée du type cottage.
Pour preuve l'avant-corps latéral n'est pas couronné par le traditionnel pignon qui doit toute son élégance et sa légèreté à un jeu plus ou moins recherché de débords de toitures, mais par un toit à combles brisés paraissant privé de l'un de ses brisis. Il en résulte une curieuse impression de lourdeur aussitôt contredite par la position de la porte d'entrée, percée dans un pan coupé spécialement créé pour elle, et par l'étonnante galerie courant le long du reste de la façade principale. Ce jeu de balancier entre des formes, prônant tantôt certaines raideurs, tantôt une liberté débridée, éclate sur la partie ajoutée à l'arrière de la villa quelques années après sa construction. Il lui confère d'ailleurs toute sa personnalité, au point d'en faire l'une des plus étonnantes et des plus attachantes créations de la dynastie des Senusson.
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