Villa Tanagra
Parc n°3
- Inscrit MH
Seule villa royannaise de la Belle Époque à pouvoir s'enorgueillir d'une protection au titre des monuments historiques, Tanagra possède également le privilège de faire partie des miraculées qui ont échappé aux bombes ayant touché de plein fouet tout un segment de l'avenue du Parc, en 1945. Le rétroviseur de l'histoire nous apprend qu'elle aurait été élevée en 1910, pour un négociant vauxois nommé Jules Bernery. Ce personnage, mal identifié, pouvait être un parent du célèbre pâtissier chocolatier du même nom qui, à la même époque, faisait reconstruire le magasin et la maison qu'il possédait à Royan, dans un style néo-Louis XVI comparable à celui de Tanagra. Un peu plus tard, dans l'entre-deux-guerres, la villa était habitée par une autre figure locale, Louis-Ferdinand-Edouard Maillard, qui devait sa notoriété autant à sa fonction de directeur des casinos de Royan qu'à la célèbre casquette de marin qui semblait vissée pour toujours sur sa tête, au mépris des codes de bonne tenue vestimentaire qu'il était censé faire respecter au sein des établissements qu'il dirigeait.
Implantée sur une parcelle de terrain étroite, qui se développe en lanière, et par conséquent difficile à mettre en valeur, Tanagra a été conçue à partir d'un plan rectangulaire simple qui intègre un angle traité en quart de rond, au niveau de la porte d'entrée. Cette astuce a permis de lier avec une certaine continuité l'un des côtés de l'édifice à la façade principale, qui s'est par ailleurs révélée difficile à mettre en valeur en raison de ses dimensions nécessairement restreintes. Ennoblies par l'utilisation d'une belle pierre de taille de calcaire blond, les élévations empruntent la plus grande partie de leur vocabulaire ornemental au style que l'on qualifie encore de nos jours de néo-Louis XVI. En témoigne, notamment, la toiture dite à l'italienne qui reste une formule assez exceptionnelle au sein d'un lotissement balnéaire.
Derrière un parti pris indéniablement académique, qui renvoie à des traditions encore très vivaces à Bordeaux à la charnière des XIXe et XXe siècles, Tanagra cache une autre originalité, à mettre en relation avec l'étroitesse de la parcelle qu'elle occupe. Seuls les murs de ses élévations constituent des éléments porteurs. Ce principe a permis de n'établir que de simples cloisons à l'intérieur de la villa, entraînant ainsi deux avantages notables : un plan qui peut facilement évoluer en cas de besoin, tant au rez-de-chaussée qu'à l'étage, et la mise en place de nombreuses portes vitrées qui permettent de faire pénétrer la lumière à travers une série de filtres pittoresques, d'où une impression de clarté permanente qui saisit le visiteur dès qu'il franchit le seuil de la porte d'entrée.
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